Pourquoi faire l’excursion au lac Titicaca, les îles Uros et l’île Taquile ?
Faire l’excursion au lac Titicaca, incluant les îles Uros et l’île Taquile, revient à entreprendre un voyage à travers le temps et les cultures, au cœur d’un paysage d’altitude qui défie l’échelle humaine.
Le lac Titicaca
Le lac Titicaca lui-même, en tant que plus haut lac navigable du monde, possède une aura presque mythique. Ses eaux bleues intensément contrastent avec l’aridité des montagnes alentour, créant une atmosphère de sérénité et de puissance. Il est considéré comme le berceau du premier Inca, Manco Cápac, et imprégné d’une spiritualité tangible.
Les îles Uros
Les îles Uros offrent une leçon d’adaptation humaine radicale. Voir de ses propres yeux des îles flottantes construites entièrement en roseau totora est une expérience qui suscite autant d’émerveillement que de réflexion. C’est le témoignage vivant d’un peuple qui a non seulement survécu, mais qui a prospéré en créant son propre territoire, mobile et éphémère, sur l’eau. Cette ingéniosité, bien que maintenant partiellement mise en scène pour le tourisme, reste profondément impressionnante.
L’île de Taquile
L’île de Taquile, en revanche, propose une immersion dans une authenticité préservée. Ici, ce n’est pas le paysage qui captive en premier lieu, bien qu’il soit magnifique, mais l’ordre social et la culture textile. Le monde à l’envers de Taquile – où les hommes tissent des messages complexes dans leurs bonnets et où les décisions sont collectives – challenge nos conceptions habituelles. C’est une société qui a délibérément choisi de se tenir à l’écart du monde moderne pour préserver ses valeurs, et la rencontrer est un privilège rare.
Comment faire l’excursion au lac Titicaca, les îles Uros et l’île Taquile ?
Pour réaliser l’excursion aux îles Uros et Taquile, une organisation préalable est nécessaire. La réservation s’effectue à Puno, soit via son hébergement, soit en comparant les agences autour de la rue Lima ou du port.
Saison idéale :
La période de mai à octobre (saison sèche) est optimale, avec un ensoleillement maximal et des températures diurnes agréables. L’hiver austral (juin-juillet) apporte des nuits glaciales mais un ciel d’une clarté exceptionnelle. Éviter la saison des pluies (décembre à mars) pour les caprices météorologiques.
Agences recommandées :
Edgar Adventures : Réputée pour son approche responsable et ses guides francophones.
Titicaca Peru : Offre des tours en petits groupes avec arrêt sur des îles moins fréquentées.
All Ways Travel : Compromis qualité-prix, propose l’option homestay à Taquile.
Déroulement type :
Départ à 7h30 du port de Puno. Arrêt aux îles Uros (1h30), traversée vers Taquile (2h30), randonnée et déjeuner chez l’habitant, retour pour 17h00. Certaines agences proposent une nuit chez l’habitant à Taquile ou sur une île Uros familiale pour une expérience approfondie.
Prix détaillés :
Tour collectif standard : 35-45 soles (9-12 €) hors repas.
Avec guide francophone : 70-90 soles (18-23 €).
Option nuit chez l’habitant : 120-150 soles (30-38 €) incluant repas et hébergement.
Tour privé (max 8 personnes) : 250-350 soles (63-88 €).
Points de vigilance :
Vérifier que le prix inclut les droits d’entrée (10 soles Uros + 15 soles Taquile). Prévoir des soles en espèces pour artisanat, pourboires et suppléments. La protection solaire est cruciale malgré la fraîcheur apparente de l’altitude.
Excursion au lac Titicaca, les îles Uros et l'île Taquile
Vendredi 6 mai. Ce matin, départ pour le port de Puno d’où partent tous les bateaux naviguant sur le lac Titicaca. Lac Titicaca. Un nom mythique qui résonne comme autant d’histoires et de légendes incas. Et pour cause, c’est ici que la mythologie inca situe l’origine de la civilisation. Viracocha, le dieu créateur, y fit émerger la lune, le soleil et les étoiles. C’est encore ici que Manco Capac, descendant du dieu Soleil, sortit des eaux du lac avec sa sœur Mama Oello pour diriger sa tribu et fonder Cuzco, la future capitale de l’empire.

Situé à 3.810 m d’altitude, le lac Titicaca est le plus haut lac navigable du monde. Ses eaux au bleu profond ressemblent à celui des fjords écossais. On s’y baignerait presque si ses eaux n’avoisinaient pas les 8 ou 9 °C.
Avec 200 km de long pour 8.400 km², il faut au moins une journée pour traverser le lac en bateau. Les montagnes, si proches et si loin à la fois, sont à au moins 20 ou 30 km du rivage. C’est dire si l’air est pur au-dessus des eaux du lac. Les profondeurs alternent le très bas et le moins bas, 275 m de profondeur vers la isla Suasi pour seulement 15 ou 18 m vers les îles Uros.








C’est justement vers les îles Uros que nous nous dirigeons ce matin. On traverse d’abord une épaisse végétation faite de joncs et de roseaux. Puis soudain, des Indiens nous font signe en agitant la main. Ce sont les indiens Uros. Ils sont aujourd’hui un peu plus de 2.000 à vivre ici sur ces îles flottantes, abritées sous leurs huttes de roseaux aux toits pointus.
À l’origine, les îles Uros se trouvaient côté bolivien, près du site de Tiwanaku, mais la baisse du niveau du lac, suite à plusieurs périodes de sécheresses a entraîné un déplacement des bancs de poissons dont les Uros se nourrissent, les obligeant à migrer vers l’ouest et de meilleures zones de pêche. Leur amarrage à 5 km de Puno est très récent : c’est l’ancien président Fujimori qui les a incités à faire ce rapprochement afin de profiter de la manne touristique.








En s’approchant de plus près des îles, on commence à distinguer de drôles d’embarcations jaunes à tête de dragons. Ce sont les bateaux traditionnels des Indiens, faits de roseaux et de joncs. Étonnants.






Enfin, nous débarquons sur l’île. Pas la peine de s’entortiller le cerveau pour savoir quelle île nous reçoit aujourd’hui. Ce n’est jamais la même. Un chant traditionnel entonné par les indiennes Uros nous accueille. Magnifique et très émouvant.

Cette bienvenue chantée par les habitantes de l’île restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Aujourd’hui, les îles Uros sont au nombre de 80. Toutes sont constituées d’une couche compacte de roseaux de 3 mètres d’épaisseur. La sensation de marcher sur des matelas à eau est impressionnante. Mais pas de soucis, nous sommes bien au sec.
La structure repose sur des poteaux d’eucalyptus ancrés au fond du lac pour éviter que les îles ne dérivent avec le vent. Marcher sur ces radeaux spongieux fait une drôle de sensation. La marche se fait plus lente, presque maladroite. Une île flottante a une durée de vie de 50 à 60 ans.








Après cette première découverte de la communauté Uros, des îles de roseaux et de leurs sols spongieux, des huttes tressées et des miradors, les femmes entonnent déjà le chant des adieux. Toujours aussi émouvant.
Clou de cette matinée, la navigation sur les bateaux à tête de dragon. Bon, quelque chose me dit que ce n’est pas vraiment une embarcation traditionnelle, mais naviguer ainsi dans le détroit qui sépare les différentes îles des Uros est plutôt sympathique.






Après une bonne petite demi-heure passée sur les eaux du lac Titicaca, nous voici de retour sur la terre ferme… Ou plutôt sur le sol spongieux des îles flottantes. Rassemblement sur la place principale. Le chef de la tribu nous explique la vie de ces Indiens qui parlent désormais la langue aymara.
C’est maintenant que l’on comprend l’importance des roseaux pour les indiens Uros. Il sert aussi à fabriquer les maisonnettes, les miradors, les meubles et les barques. Il protège aussi les îles des vagues des tempêtes. La partie blanche à l’extrémité des roseaux est comestible… Pas vraiment le goût d’en manger, mais je me régale des explications du chef.
Après ces quelques explications, difficile de résister aux offres du marché artisanal, autant pour ces magnifiques tapis et vêtements en alpaga que pour aider les indiens Uros dans leur quête d’indépendance. Les petits aident leurs mamas dans leurs tâches. Touchant. Quant au chef, il me convie dans sa hutte et me fait partager son quotidien. Depuis que des panneaux solaires ont été installés sur les îles, la fée électricité a toutefois largement amélioré les conditions de vie.








Dernière étape de notre rencontre avec les indiens Uros, la petite pause-café et maté offerte sur une île voisine. Un moment de répit et l’occasion de profiter à plein de ce moment de grâce. Sur le lac, c’est déjà le temps des adieux… Les femmes Uros remontent à bord des embarcations et nous font leurs adieux.




Prochaine étape de notre excursion sur le lac Titicaca : l’île Taquile, qui se situe à environ 3 heures de bateau de Puno. L’île ressemble à une baleine vue de côté qui mesure environ 7 km de long et abrite quelque 3.000 habitants.

Pour accéder à l’île, la plupart des bateaux accostent par le petit débarcadère de l’est. Ici, la pente est beaucoup plus douce que sur l’autre versant qui compte 532 marches et permet d’atteindre le village en près de deux heures de marche. Dans ce sens, on y accède en une petite demi-heure.
Certes, les premiers mètres sont plutôt relevés, mais la montée se fait quand même aisément. Rien à voir avec l’escalade du canyon de Colca. Un chemin inca grimpe la colline, passe au milieu des terrasses toujours cultivées où paissent tranquillement des troupeaux de moutons.

Des petits murets de pierres encadrent les chemins et donnent un étrange accent méditerranéen à cette île pas comme les autres. En contrebas, la mer, ou plutôt les eaux translucides du lac Titicaca, s’étend jusqu’à perte de vue. Des paysans tricotent assis sur les murets, d’autres gardent les troupeaux, d’autres encore s’échinent à cultiver la terre et les champs de pommes de terre. Des bosquets d’eucalyptus se dressent dans le ciel bleu. Magique.
















Au bout du chemin, voici enfin le pueblo. Une petite arche de pierre marque l’entrée du village. La vie s’organise autour d’une placette centrale qui offre une vue imprenable sur les eaux bleues du lac Titicaca. Un petit clocher permet de rassembler les habitants. Ces derniers vivent de façon communautaire. Le tissage de la laine d’alpaga est au centre de l’activité. La coopérative tient ici un rôle majeur dans la vie du village.








Dès qu’on s’éloigne de la placette centrale, on croise le regard amusé des enfants. De petites bouilles magnifiques qui me rappellent les enfants du Mexique.


Après la visite des ateliers de tissage et des boutiques artisanales des Indiens, on sort du village pour découvrir les anciennes terrasses incas. Les récoltes agricoles sont réparties selon les besoins de chacun. On cultive ainsi par rotation pour ne pas épuiser les sols, essentiellement des haricots, des patates et du maïs. Après trois années de culture, une terrasse est laissée en jachère et nourrit les moutons. Le système est bien rodé et permet de nourrir toute la communauté.








Après une petite demi-heure de marche, arrêt obligatoire dans une petite auberge locale pour prendre le déjeuner. Au menu, poissons du lac Titicaca et omelettes de maïs… Sans oublier la fameuse soupe de quinoa ! Pour accompagner le tout, nous avons même droit au mate de coca. Pour moi, c’est une grande première. Certes la boisson est un peu amère, mais elle va soigner mon soroche pour de bon. Après ce jour, je n’aurai jamais plus le mal des montagnes.

Après le déjeuner, les anciens du village nous présentent l’artisanat local, les fameuses laines d’alpaga, nous font une démonstration de tissage, mais surtout nous convient à un petit intermède musical. Musique et chants traditionnels sont de la partie. Puis quelques-uns d’entre nous se lèvent pour danser avec les indiens aymaras. Un moment très sympa.


C’est avec regret que l’on quitte les habitants du pueblo. Il nous reste encore une bonne heure de marche avant de regagner l’embarcadère.
Le versant ouest de l’île est de toute beauté. Sans doute la perle du lac Titicaca. Ses paysages escarpés tombant parfois à pic dans les eaux bleues du lac lui donnent encore plus des accents méditerranéens. Murets et sentiers de pierre sillonnent le pays. Ça monte et ça descend, mais le paysage offre toujours une vue magique sur les terrasses agricoles, les bosquets d’eucalyptus, les bâtisses en pisé, en brique ou en parpaings surmontées de toits de tôle.




















Sur le chemin, des enfants jettent sur nous des regards étonnés, d’autres dégringolent le chemin en faisant rouler de vieux pneus devant eux en espérant des touristes une pièce de dix soles.

