La isla del Sol, l'île sacrée des Incas sur le lac Titicaca
Dimanche 8 mai. Copacabana reste la porte d’entrée vers l’Isla del Sol, l’île sacrée des Incas. On vient ici pour la beauté du paysage, la vue imprenable sur les eaux bleues du lac Titicaca, mais aussi et surtout, pour les Indiens, pour une sorte de pèlerinage. Car c’est ici, selon la légende inca que naquirent le fils et la fille du Soleil.
Pour accéder au site, il faut partir tôt de bonheur le matin. Dès 8 heures, nous sommes une bonne centaine à grimper dans les différents bateaux qui vont faire la traversée du lac Titicaca. Il faut une bonne heure et demie pour atteindre l’île. En chemin, petit coup d’œil vers la Isla de la Luna, plus petite et moins touristique, où se niche le temple des Vierges du Soleil.

Au bout de la traversée du lac, nous voici au débarcadère de Challapampa, le village le plus à l’ouest de l’île. C’est la meilleure façon de visiter l’île dans toute sa longueur en attrapant le dernier bateau du retour, vers 16 heures. L’idée, c’est donc de commencer par Chinkana, les ruines incas situées à l’extrémité de l’île, puis de revenir sur nos pas et de prendre le chemin des crêtes qui me ramènera vers Yumani et son escalier inca. Pour me faire une petite idée du parcours que je dois faire aujourd’hui, petit coup d’œil sur la carte dressée à la sortie du débarcadère.

Rien d’extraordinaire à Challapampa, si ce n’est les nombreuses petites cantines qui permettent de faire le plein de sandwiches pour la journée. On peut aussi s’attarder sur le petit musée communautaire qui explique l’importance du site pour les Incas, ou bien s’attarder sur la jolie crique qui borde le village, peuplée d’ânes laissés en liberté.

Voilà, la randonnée peut commencer. Mon sac à dos est chargé de sandwiches et de bouteilles d’eau, et je peux enfin me mettre en route. Dernier petit coup d’œil pour cette magnifique crique fréquentée par les petites embarcations indiennes.




Bon, la première partie de la randonnée est plutôt facile, il s’agit d’abord de remonter la colline qui domine Challapampa et d’emprunter le chemin inca qui surplombe les nombreuses criques de l’île. Depuis la crête, les eaux du lac Titicaca sont d’un bleu profond. Des bateaux de pêche flottent au milieu des anses.




















Bon, voilà, nous voici arrivés à l’extrémité ouest de l’île. Petit coup d’œil sur la carte pour bien se repérer avant d’aller explorer les ruines incas.

À l’extrémité ouest de l’île, voici enfin les ruines incas et les sites cérémoniaux. Ici, la côte dessine une magnifique pointe qui perce les eaux bleues du lac Titicaca. Une falaise tombe littéralement dans le lac. On comprend mieux pourquoi les Incas ont choisi ce lieu pour établir un lien fort avec leurs divinités.








À deux pas de là, se dresse un long mur de pierre. Il s’agit de la Roca Sagrada ou Roche des origines, qui selon les chroniques fut l’endroit d’où partirent Manco Capac et Mama Ocllo pour fonder la cité de Cuzco. Bon, rien d’extraordinaire dans ce mur, mais on comprend pourquoi cette île revêtait une telle importance pour les Incas.

Face à la Roca Sagrada, le sentier du littoral s’élève tout en longeant la côte. Passé les derniers champs, on rejoint la table sacrificielle. Encore un lieu sacré pour les Incas aujourd’hui occupé par les moutons bien gras qui profitent des herbages de l’île.




On reprend encore le sentier du littoral aménagé par les Incas il y a cinq siècles de ça et on arrive à l’extrémité de l’île. C’est ici que se nichent le labyrinthe, Chinkana, l’ancien palais des Incas. De là, on a une vue extraordinaire sur l’autre versant de l’île. Panorama exceptionnel sur le lac Titicaca avec la présence des ânes au premier plan.

Aujourd’hui, les ruines de Chinkana sont un dédale de murets en pierres sèches épousant les terrasses aménagées à flanc de montagne. On imagine sans mal les pièces du palais, les chambres et les cuisines. Ce sanctuaire des vierges du soleil comprenait aussi des greniers. Ce lieu avait pour mission de servir les prêtres du temple du Soleil. L’astre se lève et se couche exactement dans l’axe du site.












Voilà, Chinkana et les ruines incas, c’est fait. Vraiment magnifique. Un paysage à couper le souffle. C’est donc le cœur léger que je m’engage sur le sentier inca, ce long chemin des crêtes aménagé par les Incas qui traverse l’Isla del Sol de part en part, comme une longue langue de pierre qui monte et qui descend sur l’échine de l’île. Un moment merveilleux.
En gros, il s’agit de retourner en arrière en surplombant le sentier du littoral qui m’a amené jusqu’à Chinkana, de dépasser Challapampa et d’arriver au bas de Yumani, l’autre village de l’île, où se trouve l’embarcadère. C’est d’ici que je devrais reprendre le bateau pour Copacabana.
Bon, le guide affiche 7 km au compteur, tout va bien… Jusqu’ici ! En fait, il ne faut surtout pas croire ce que raconte votre guide ! La balade, aussi magnifique qu’elle soit, est très éprouvante, à plus de 4.000 m d’altitude, et surtout affiche plus de 11 km au compteur !
Une gageure pour rejoindre le port à temps et attraper le dernier bateau en partance pour Copacabana. Du coup, j’ai dû faire la dernière partie du chemin au pas de course ! Faisable certes, mais à quel prix !
Mon conseil du jour est donc de dormir sur place, à Yumani qui offre de nombreuses possibilités d’hébergement pas cher, et de repartir tranquillement le lendemain en profitant pleinement du coucher du soleil… Bon, en attendant, me voici donc sur le chemin des Incas qui s’accroche au dos des montagnes de l’île tout en offrant une vue extraordinaire sur les eaux bleues du lac Titicaca.




Le sentier des crêtes, que les Indiens appellent modestement « Route sacrée de l’éternité du Soleil » traverse donc l’île de part en part en escaladant et en grimpant le dos des montagnes.

Tout au long de la balade, les points de vue exceptionnels sur le lac Titicaca se succèdent à un rythme infernal. Au-delà, on peut même apercevoir les sommets des Andes tellement la pureté de l’air est incroyable. Au loin, on aperçoit ainsi le sommet du mont Illampu, qui culmine à 6.368 mètres.












Bon, pour la petite anecdote, le chemin Inca est un sentier à péage. L’argent est ainsi réinvesti dans les communautés traversées. En venant de l’ouest, on a ainsi un premier péage à mi-parcours, au-dessus de Challapampa (15 sols). Puis deux autres encore sur le chemin qui mène à Yumani.

Tout au long du parcours, on croise quelques lamas tenus en laisse par des enfants, histoire d’attraper les touristes pour quelques soles en échange de photos… Mais la Isla del Sol est en fait surtout peuplée… de moutons ! Les troupeaux vivent ici en totale liberté et profitent à plein des herbages de montagne. Quant à la photo, elle est tout aussi belle.






La dernière partie de la randonnée est très éprouvante. Le soleil tape fort, l’air se raréfie et les minutes passent. Je maudis ce fichu guide qui affiche seulement 7 km… Au total, nous en ferons 13 aujourd’hui ! Du coup, je dois faire la dernière partie du chemin au pas de course. Quel dommage, car les paysages sont à couper le souffle. Les points de vue sur le lac extraordinaires.










Un peu plus loin, on peut même admirer quelques apus placés au sommet du chemin afin de rendre hommage aux dieux incas.

Enfin, on arrive sur Yumani. Il faut encore traverser le village, détourner parfois le regard pour ne pas apercevoir les jolies piscines attenantes aux hôtels (j’en rêve !) et continuer de suivre le chemin. Après le village, l’escalier inca, monumental, descend jusqu’au port où attendent les bateaux du retour pour Copacabana. L’escalier est encombré d’ânes et de mules qui font la navette entre l’embarcadère et le village.

Je me souviendrai encore longtemps de cette randonnée sur la Isla del Sol, marche au pas de course pour ne pas risquer de manquer le bateau du retour à Copacabana. Sur le bateau justement, la grogne est générale. Je ne suis pas le seul à m’être fait avoir par le temps annoncé par les guides. Du coup, la plupart des voyageurs sont harassés. Sauf bien sûr, ceux qui ont eu la bonne idée de passer deux jours sur l’île.
Cerise sur le gâteau, j’hérite d’une demi-place à côté d’une Japonaise qui prend carrément ses aises sur son siège pour garder son sac à dos auprès d’elle. Je suis tellement fatigué et énervé que je me risque à lui faire une observation. Merde alors, on ne va quand même pas me faire couillonner jusqu’au bout aujourd’hui !
Bon, ok, de retour à Copacabana, je file au bureau de la compagnie de bus Titicaca pour acheter mon billet pour Cuzco. Demain matin, retour au Pérou pour prendre la direction de la capitale inca. Cool. Bon, ce soir, pas question de se faire des nœuds dans la tête pour aller dîner, j’ai réservé une table à la Cupula, sans doute l’un des meilleurs restaurants de la ville qui offre une vue incomparable sur Copacabana et sa baie. La truite du lac Titicaca est à tomber par terre. Bref, je me régale.
