Sicile
Road-trip autour de l’île
Table des matières
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Pour mon deuxième voyage avec ma fille, nous mettons le cap tout au sud de l’Europe et de la botte italienne : bienvenue en Sicile. Nos premiers pas à Palerme nous mènent près de la chiesa della Martorana et de la Piazza Pretoria. L’architecture arabo-normande nous saute aux yeux. Puis direction le Quatro Canti. Le cœur palpitant de Palerme, avec klaxons, cris et triporteurs à la clé. Enfin voici la Piazza Marina avec ses façades baroques et son flot de voitures. Puis le Giardino Garibaldi, jardin typique de Palerme. Ficus géants et racines gigantesques.
Que l’air est doux, les soirs d’été sur le port de Palerme. La façade de la Chiesa Santa Maria della Pieta baigne dans une belle lumière blonde. Voici le temps venu pour aller déguster une bonne pizza et goûter aux glaces italiennes. Mais avant ça, il ne faudra pas manquer de faire un petit tour le long des quais du port où les embarcations mouillent tranquillement sous la brise du vent d’été. Des voiles claquent et des poulies tintent contre les vergues. Des passants regardent le spectacle fasciné. Le soleil rasant du crépuscule embrase le tableau.
Pour une première journée pleine d’excursion à Palerme, prenez le temps d’explorer deux des plus belles églises de la ville : Chiesa Santa Maria Caterina Vergine e Martire et Chiesa del Gesù. À mi-chemin entre le baroque et le roccoco, la première fut édifiée entre 1566 et 1596. Ancien couvent dominicain, il fut longtemps le refuge des femmes de petite vertu. À ne pas manquer l’étonnant bas-relief réalisé par Ragusa : Jonas sauvé des eaux par une baleine. Ne pas manquer non plus la Chiesa del Gesù, une des plus belles églises de Palerme et de toute l’Italie. Les chapelles abritent deux chefs-d’œuvre de Novelli : Saint Paul ermite, et Saint Philippe d’Agire.
Après la Chiesa del Gesu, direction la vieille ville. Les rues s’enchaînent. Via Ponticello. Façades roses et baroques. Rues étroites. Le décor change. Balcons délabrés et façades fissurées. Plus loin, la vieille ville s’enfonce dans l’obscurité des rues étroites. Les balcons se rétrécissent encore. Des fleurs jaillissent des façades. Des icônes de saints aussi. Vous voilà arrivé au Quatro Canti. L’art du baroque sicilien. Construite vers 1610, la place est un carrefour réalisé par Giulio Lasso. Cirque de forme octogonale. Aux quatre espaces ouverts par les rues correspondent quatre édifices.
Après le Quattro Canti, il est grand temps de rejoindre la cathédrale de Palerme. Direction Via Vittorio Emanuele. En chemin, attardez-vous Piazza Bologni. Du haut de son piédestal, Carlo V en sandales et toge romaines vous salue. La façade rose de la cathédrale de Palerme tranche avec le bleu du ciel. XIIe siècle. Mélange d’arabe et de normand. Un monument qui rappelle que la Sicile fut longtemps dominée par les Arabes. L’édifice est construit sur une ancienne basilique byzantine devenue mosquée. En sortant, ne manquez pas les jardins de la Villa Bonano et ses allées bordées de palmiers.
Le palais des Normands et la chapelle Palatine. À lui tout seul, le palais est un raccourci de l’histoire de la Sicile : domination carthaginoise, puis conquête romaine, domination byzantine pendant trois siècles après la chute de l’empire romain, deux cents ans d’occupation arabe, la reconquête normande vers la fin de l’an mille, puis deux cents ans plus tard, la domination espagnole. La chapelle Palatine est sans doute la plus belle du monde avec la chapelle Sixtine. Enclave protégée au cœur du palais, elle a traversé les siècles sans subir de transformations. L’intérieur est tapissé d’impressionnantes mosaïques byzantines sur fond or.
Après cette première journée intense de visite de Palerme, on profite de notre fin d’après-midi pour flâner au cœur de la vieille ville et on se laisse tenter par un petit tour en triporteur. Sensations garanties. À fond à travers les rues de Palerme pour découvrir les joies de la vie sicilienne. Après ces sensations fortes, petite promenade pour faire du shopping via Roma et se détendre un peu en admirant les joyaux de l’architecture de la capitale sicilienne.
La journée n’est pas encore terminée. Faites un tour du côté de la Piazza Marina, assoupie de soleil. Le palazzo Mirto et sa tour renaissance. Palais du XVIIIe siècle et ancienne résidence des princes Lanza-Filangeri, une des plus grandes familles aristocratiques siciliennes. À deux pas de là, admirez le palazzo Chiamonte (XIVe siècle). Un palais normand en plein milieu de la ville qui abrita au XVIe siècle le Tribunal de l’Inquisition, ses prisons et ses chambres de torture. Plus loin se dresse la Chiesa di Santa Maria della Pietà (1678). Sublime. Enfin, terminez votre soirée le long du Foro Umberto 1er et profitez de la mer.
Voici l’un des chefs-d’œuvre de l’art arabo-normand en Sicile. Santa Maria Nuova de Monreale sera à n’en pas douter l’un de vos meilleurs souvenirs de ce voyage. Monreale répond à la chapelle Palatine du palais des Normands par une avalanche d’or. Il y en a partout. Le point d’orgue de Monreale, ce sont ses mosaïques sur fond or. Typiques de l’école de Venise, leur style témoigne du plus pur byzantin. Le Christ pancrator domine tout. Gigantesque. Plus grande icône byzantine du monde : 7 mètres d’une main à l’autre et 4 mètres de haut ! Les mosaïques recouvrent 6.340 m2 de surface ! Elles sont recouvertes de 42 panneaux illustrant des scènes de l’Ancien et du Nouveau testament.
Partons maintenant à la découverte des anciennes colonies grecques de Sicile. Notre première étape nous amène naturellement au pied des ruines de l’ancienne cité de Ségeste. Vos pas vous mèneront sur les ruines de la colonie qui fut pendant longtemps en guerre avec sa rivale Sélinonte, puis il vous faudra explorer l’ancien théâtre qui domine toute la région. Il offre une vue grandiose sur la vallée et le golfe de Castelmmarre et pouvait contenir jusqu’à 4.000 personnes. Admirez au passage les ruines de l’ancien palais normand et prenez ensuite la navette qui vous amènera au pied de l’incroyable temple dorique qui dominait la vallée. Sa beauté est à couper le souffle. Six colonnes en façade et quatorze de côté.
Après Ségeste, mettez le cap sur Sélinonte, son ancienne rivale, alliée d’Athènes dans la guerre du Péloponnèse et détruite une première fois par les armées carthaginoises. Reconstruite à la fin du IVe siècle av. J.-C., elle servira de point d’appui aux troupes puniques dans leur conquête de la Sicile. En -241, les habitants la rasent une nouvelle fois pour éviter qu’elle ne tombe dans les mains de l’armée romaine, qui vient de remporter la Première Guerre punique. Aujourd’hui, elle rassemble les vestiges d’au moins trois temples des –VIe et –Ve siècles. Ne manquez pas l’immense temple E, consacré à Héra et très bien conservé. Admirez le temple dédié à Zeus l’Olympien, l’un des plus grands de l’Antiquité, puis filez admirer les ruines de l’Acropole qui donne directement sur la mer.
Prochaine étape de notre voyage en Sicile : la baie de Trapani et le village antique d’Erice perché au sommet d’un piton rocheux. Pour y accéder, il vous faudra d’abord faire l’ascension en voiture d’une route en lacets avec un dénivelé de plus de 700 mètres. Attention au vertige ! L’ascension est véritablement impressionnante. Une fois arrivé au sommet, il faut encore prendre le funiculaire pour accéder enfin au village. Le panorama sur la baie de Trapani est absolument fantastique. Il ne vous reste plus qu’à arpenter les rues étroites du village et vous perdre au hasard de ses petites placettes médiévales. Erice fut pour les Grecs et les Phéniciens le siège d’un culte voué à une déesse-mère (créatrice de l’univers, promotrice de la vie).
A coup sûr, la vallée des temples d’Agrigente sera le point d’orgue de votre visite des anciennes cités grecques de Sicile. Classée au patrimoine mondial de l’humanité, cette colonie grecque fut fondée en 532 av. JC par la cité grecque de Gela. Citée maîtresse de Sicile au Ve siècle av. J.-C., elle fut pourtant détruite par les Carthaginois lors de la guerre du Péloponnèse avant d’être conquise par les Romains et embellit. A elle seule, elle comptait plus de temples que l’acropole d’Athènes. Parmi tous les édifices, ne manquez surtout par le temple de la Concorde. Un des trois temples grecs les mieux conservés du monde. A voir aussi le temple d’Héra, le temple des Dioscures et les ruines du temple d’Héraclès.
Il vous faudra vous rendre à Piazza Armerina, au cœur de la Sicile, souvent délaissée par les touristes, pour admirer les plus beaux vestiges romains de tout l’empire. Car c’est ici que fut découvert cette villa impériale romaine bâtie au IIIe siècle. Une trentaine de pièces et plus de 3.500 m2 de mosaïques ! Gigantesque ! Nulle part ailleurs dans le monde, on ne peut trouver l’équivalent. La Villa Casale comme un fossile vivant du grand empire romain. Des thermes, une piscine, un sauna, un bassin de natation et partout le même spectacle : la vie romaine dans toute sa splendeur, avec toutes ses couleurs d’origine. Des femmes en bikini se renvoient une balle. Des hommes chassent le lion. Des fauves embarquent sur des bateaux. Des tigres rugissent. Le Colisée attend ses fauves. Tout a été conservé.
Voyager en Sicile, c’est d’aller d’émerveillement en émerveillement. Après la villa del Casale, voici Syracuse, la perle de la Sicile. L’ancienne cité grecque bâtie au VIIIe siècle av. J.-C sur l’île d’Ortygie par des colons grecs partis de Corinthe est un résumé à elle seule de l’histoire turmentée de cette île. Fondée par les Grecs, assiégée par les Athéniens, les Carthaginois et les Romains, elle fut tour à tour l’objet de toutes les convoitises. Patrie d’Archimède, elle fut ensuite conquise par les Arabes, puis par les Normands. Sa cathédrale bâtie sur les colonnes d’un ancien temple grec est une merveille de mélange de styles. Syrcuse est à nul doute la plus belle ville de Sicile.
Après Syracuse, cap au nord en longeant l’ombre gargantuesque de l’Etna. Voici Catane, l’autre grande cité grecque de Sicile, fondée elle aussi par des colons grecs venus de Chalcis d’Eubée. Détruite par Syracuse, sa voisine, reconstruite par les Romains, occupée par les Byzantins et les Arabes, puis par les Normands, Catane témoigne de l’histoire tourmentée de la Sicile. Ajoutez à cela les multiples destructions que causèrent les éruptions de l’Etna et vous comprendrez combien cette ville ne ressemble à aucune autre en Sicile. Admirez son château d’Ursino, faites un tour au marché aux poissons, puis visitez son théâtre antique, son odéon et sa piazza del Duomo.
Depuis Catane, il est très facile de rejoindre les pentes du volcan Etna. Sur ses flancs, les genêts sont en fleur et dresse une forêt dense et jaune. Charmes et lauriers en fleur complètent le tableau. 2400 mètres. La végétation se fait plus rare. L’Etna apparaît sous sa forme la plus violente : coulées de lave durcie, roches noires et carbonisées, chemins désertiques. Au sommet de quelques rochers affleure l’astragale. Coussins vert et dense. Pour accéder à son sommet, il vous faudra prendre les cabines du funiculaire. Les plus courageux entameront la montée vers le sommet. Paysage lunaire. Plus un brin d’herbe sur le sol. Poussière et roches noires jusqu’à perte de vue. Un des paysages les plus étonnants que l’on puisse voir en Europe.
Taormina, nous voici au cœur de la riviera sicilienne. Déjà appréciée par les élites romaines au temps de l’antiquité, la ville fondée par Syracuse, sa voisine, est aujourd’hui privilégiée par la jet-set italienne et européenne. Il est vrai que la baie de Taormina dominée par les pentes de l’Etna est à couper le souffle. Mais avant de vous baigner sur l’une des plages de sable noir de la cité antique, il vous faudra visiter son centre-ville historique, sa magnifique place du 9 avril, ses églises, son duomo, ses fontaines et ses jardins. Et bien sûr, son incroyable théâtre romain qui donne directement sur les eaux bleues de la Méditerranée.