Comment s’y rendre ?
En prenant le bus depuis Tunis en direction de Téboursouk, puis le taxi vers Dougga.
En voiture : depuis Tunis, prendre la route P5 en direction du Kef (ou l’autoroute A3 et sortir à Medjez el Bab). S’arrêter à Téboursouk, à environ 110km de Tunis. Tourner à droite dans le centre de Téboursouk pour prendre une petite route qui serpente pendant 5 km dans les oliviers. Suivre ensuite les panneaux jusqu’à l’entrée du site.
Prix d’entrée :
Ouvert tous les jours de 8h30 à 17h30 en hiver et de 8 à 19 heures en été. Entrée 10 dinars.
Parking à l’entrée du site.
Site antique de Dougga, la perle romaine d'Afrique du Nord
Vendredi 2 mai. À l’occasion de ce séjour en famille en Tunisie, impossible de ne pas retourner à Dougga, assurément le site archéologique le plus prestigieux de Tunisie. C’est donc entouré de mon frère, de ma sœur et de toute leur petite famille que je décide de les emmener visiter ce site à nul autre pareil dans toute l’Afrique du Nord. Pour moi, ce sera une deuxième fois, mais comment se lasser d’un tel diamant archéologique ?
Accroché à un éperon rocheux qui domine toute la vallée de la Méjerdah, le site s’étend sur une dizaine d’hectares et couvre plusieurs périodes historiques. De l’ère punique à l’ère romaine, la ville de Dougga est un raccourci de toute l’histoire de l’Antiquité, mais aussi et surtout une cité de toute beauté, dans un excellent état de conservation. Magique.
Comme en 2011, impossible de commencer la visite sans passer d’abord par la case théâtre romain. Construit en 168, il reste l’un des mieux conservés d’Afrique romaine et peut accueillir 3.500 spectateurs sur 25 rangées de gradins. Une dédicace, gravée sur le fronton de la scène et sur le portique qui domine la ville, rappelle son constructeur, P. Marcius Quadratus. Une chose est sûre, la vue sur la vallée est absolument fantastique. Au loin, une forêt d’oliviers se dresse sur les collines environnantes. Tout cela vaut bien une photo-souvenir avec toute la famille !
Municipe sous le règne de Septime Sévère, Dougga est érigée en colonie en 261. Atteinte par l’invasion Vandale, la ville retrouva une grande prospérité sous la domination Byzantine. Lorsque survint la conquête arabe, contrairement à beaucoup de cités tunisiennes, la ville ne sera pas abandonnée par ses habitants. Ce n’est que vers 1960 qu’ils furent relogés dans un village construit par les autorités, appelé Nouvelle Dougga. Ils sont les descendants directs des anciens Thuggenses.
Passé le théâtre, un long chemin pierré mène tout droit au capitole romain, temple du IIe siècle dédié à la triade protectrice de Rome : Jupiter, Junon et Minerve. Il est dédié de manière secondaire à la sauvegarde des empereurs Lucius Verus et Marc Aurèle ; il a sans doute été achevé en 166-167. Les murs en opus africanum et l’entablement du portique ont été restaurés entre 1903 et 1910. On y a découvert une crypte sous le sol de la cella en 1955.
Les colonnes corinthiennes de la façade s’élèvent à huit mètres de haut, au-dessus desquelles se trouve le fronton en parfait état. Il conserve une représentation de l’apothéose de l’empereur Antonin le Pieux enlevé par un aigle. Le fond de la cella comporte encore les emplacements pour trois statues destinées au culte. Dans celui du centre se dresse une statue colossale de Jupiter.
Aux abords du capitole, se situent la « place de la rose des vents » — du nom des divers vents soufflant à cet endroit et gravés sur le pavage — ainsi que les vestiges de la citadelle byzantine qui reprend une partie des ruines à l’époque tardive du recul de la cité.
Pourquoi retourner à Dougga ? Parce qu’au-delà de son intérêt purement historique (sans doute l’une des cités romaines les mieux conservées au monde), Dougga se situe dans un écrin paysager exceptionnel. Autour de la cité antique, les oliveraies sont partout, les arbres se dressent sur les collines environnantes et créent une atmosphère de bien être exceptionnelle. J’aime ce lieu et je m’y sens tellement bien. Mes frères et sœurs aussi apparemment. Je leur montre l’arrière du Capitole pour leur faire comprendre le perfectionnement des constructions antiques. Le cœur de la cité resta le point culminant de la colline au cours de son histoire, le forum romain succédant à l’agora numide. Au fur et à mesure de son développement, les constructions occupèrent le flanc de la colline.
En s’éloignant un peu de l’agora et de cette superbe place des vents, on se dirige vers l’arc de Sévère Alexandre à côté duquel sont creusées les grandes citernes qui alimentaient la cité antique en eau. Toujours aussi impressionnantes. Les six citernes d’Aïn El Hammam, situées à proximité du temple de Junon Caelestis, peuvent contenir 6.000 m³ et sont particulièrement ruinées. Elles sont alimentées par une source située à 12 kilomètres et un aqueduc construit sous le règne de Commode et restauré dans le dernier quart du IVe siècle.
Enfin on arrive au pied de l’arc de Sévère Alexandre, dans un état assez exceptionnel de conservation quand on sait qu’il fut construit dans des années 222-235. Il se situe à égale distance du Capitole et du temple de Junon Caelestis. Son arcade mesure quatre mètres. Encadré d’oliviers multi centenaires, il renforce encore ce sentiment incroyable de sérénité et d’harmonie qui se dégage de ce lieu.
Une harmonie renforcée par le chemin du retour que l’on prend en empruntant de nouveau la voie romaine encadrée d’oliviers et de figuiers de barbarie.
Les temples à Dougga sont presque aussi nombreux que les oliviers entourant le site, c’est dire. Mais s’il en est un qu’il ne faut surtout pas manquer, il s’agit bien du temple de Junon Caelestis.
Excellemment conservé et bâti à l’extrême ouest de la ville, au sud de l’arc de Sévère Alexandre, ce temple fut dégagé au cours des années 1890. Le temple, dédié à Junon Caelestis, héritière de la Tanit punique, est remarquable en raison de l’état de conservation de son enceinte sacrée (temenos) délimitée par un mur dont une partie importante est très bien conservée.
La cour est pavée en partie seulement et s’ouvre par deux portes symétriques. Un portique de 25 travées borde la partie circulaire de l’enceinte. Il est surmonté par une frise relatant sa construction. Le temple au sens strict se situe sur un haut podium auquel on accède par un escalier de onze marches. Le fronton porte une dédicace à Sévère Alexandre. La cella a quant à elle totalement disparu.
La construction, étalée de 222 à 235, a été payée par un certain Q. Gabinius Rufus Felix qui y fit en outre déposer deux statues d’argent de la déesse d’un coût de 35.000 sesterces. La forme de l’enceinte de ce temple du IIIe siècle de 52 mètres de diamètre évoquerait un croissant de lune, symbole de la divinité. Là encore, il se dégage de ce site un sentiment d’harmonie et de sérénité incroyable. Bref, on est tous sous le charme… Et que dire de la vue que l’on a depuis le sommet des marches du temple ! La voie romaine serpente à travers les ruines. Et ramène directement à la place du forum depuis laquelle on a une vue unique sur le Capitole.
En contrebas du capitole, sur la voie romaine principale, l’une des constructions la plus identifiable avec son portique d’entrée reste l’édifice Dar Lacheb (maison de Lacheb), probablement un sanctuaire dédié à Esculape. Dégagé dès la fin du XIXe siècle, il n’a plus fait l’objet de travaux depuis 1912. Une maison bâtie en utilisant des vestiges antiques réemployés s’y trouve mais a été détruite dès le début du XXe siècle. Il a été construit entre 164 et 166 et se trouve donc contemporain du Capitole, situé à 50 mètres de là. La porte d’accès à l’édifice est parfaitement préservée ainsi que l’une des colonnes d’un porche d’entrée. L’intérieur consiste en une cour bordée anciennement de portiques. Au sud se situe la cella d’un temple entièrement disparu.
Autre édifice important, placé le long de la voie romaine, juste à côté de la maison de Lacheb : le temple des victoires de Caracalla, seul édifice dédié au culte impérial. Il est adossé à un nymphée monumental datant du règne de Commode. L’édifice, de taille relativement limitée, a un plan original. Long de 41,5 mètres et large de 14,2 mètres, il est situé le long de la voie descendant du forum aux thermes d’Aïn Dora.
Il occupe toute la largeur de la cour et est associé à un arc de triomphe qui enjambe la voie qui le longe. La cour s’organise autour d’un pavement en croix définissant quatre bassins recueillant les eaux de pluie. À l’intérieur du sanctuaire, la cella comporte six niches latérales accueillant des bases pour les statues d’Apollon, Liber Pater, Neptune, Mercure. Le temple est visible de loin, mais n’offre au passant que la face visible et très allongée de la cella. Le temple des Victoires témoigne des victoires britanniques, parthique et germanique de l’empereur Caracalla.
En poursuivant le long de la voie romaine principale, on tombe aussi sur de nombreuses maisons d’habitation et des temples dont on découvre encore intactes les cellas.
En poursuivant le long de la voie romaine, tout à l’est, on aboutit sur les temples de la Concorde, de Frugifer et Liber Pater. Quelques colonnes corinthiennes subsistent encore et se dressent dans l’azur. En contrebas, on peut apercevoir les gradins d’un petit théâtre privé. Ce groupe de temples a été construit autour de 138 apr. J.-C. Une chose est sûre, ils offrent un panorama époustouflant sur toute la vallée.
On ne peut pas visiter Dougga sans admirer ses nombreux thermes. Les thermes des Cyclopes sont connus… pour ses latrines dans un état exceptionnel de conservation ! Mais les plus impressionnants sont les thermes antoniniens du IIIe siècle, avec une construction datant du règne de Gallien, et possèdent encore plusieurs étages. De taille moyenne, le plan de l’édifice est symétrique avec environ 1.700 m² de superficie hors les palestres, dont 175 m² pour le seul frigidarium.
Allez zou, un dernier petit regard sur la campagne environnante et les belles oliveraies et on achève la visite.
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