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La traversée du canal de Beagle : lions de mer, otaries et cormorans royaux

Pourquoi visiter le canal de Beagle ?

Le canal de Beagle, véritable joyau de la Patagonie australe, offre une expérience unique où se mêlent paysages grandioses, biodiversité exceptionnelle et histoire captivante. 

Spectacles naturels époustouflants :
– Avenue des Glaciers : enchâssée dans la partie chilienne du canal, cette succession de glaciers (Italia, Francia, Holanda…) se jette dans les eaux turquoise, créant un paysage sculpté par des millénaires d’érosion glaciaire.
– Faune emblématique : observez des colonies de lions de mer rugissants sur les îles Los Lobos, des manchots de Magellan sur l’île Martillo (novembre-mars), et avec un peu de chance, des baleines à bosse ou des orques.
– Forêts subantarctiques : les rives sont bordées de hêtres de Magellan aux couleurs flamboyantes en automne, de tourbières mystérieuses et de mousses fluorescentes.

Histoire et légendes vivantes :
– Expédition Darwin : naviguez sur les traces du HMS Beagle, dont le passage en 1833 inspira la théorie de l’évolution. Des maquettes et récits sont présentés au Galería Temática d’Ushuaia.
– Peuples Yámanas : découvrez la cosmovision de ce peuple nomade qui maîtrisait ces eaux hostiles en canoë, à travers les légendes exposées au Museo Mundo Yámana (comme celle de Mwono, divinité des glaces).
– Conflits frontaliers : le phare Les Éclaireurs (“Phare du bout du monde”) témoigne de la crise géopolitique de 1978 entre Chili et Argentine, résolue par la médiation du Pape Jean-Paul II.

Porte d’entrée vers l’extrême sud :
– Ushuaia : profitez de la ville la plus australe du monde pour tamponner votre passeport “Fin del Mundo”, déguster le crabe royal (centolla), ou embarquer vers l’Antarctique.
– Connexions stratégiques : le canal évite les périlleux détroits de Magellan et cap Horn, offrant une voie maritime plus sûre entre Atlantique et Pacifique.

Excursions sur le canal :
– Bateau traditionnel : 3-4h : Phare Les Éclaireurs, îles aux lions de mer et oiseaux. 40-50€. Octobre à mars.
– Voilier intimiste : 2-3h. Approche écologique, débarquement sur île H. 60-70€. Toute l’année.
– Croisière Australis : 4-5j. Avenue des Glaciers, cap Horn, fjords chiliens. À partir de 1.500€. Novembre à avril.
– Zodiac vers Isla Martillo : 6h (dont transport). Marche parmi les manchots, visite d’estancia Harberton. 80-100€. Novembre à mars.

Comment visiter le canal de Beagle ?

Pour une expérience inoubliable, combinez la navigation sur le canal avec la randonnée au parc Tierra del Fuego et une dégustation de fruits de mer à Ushuaia. Naviguer sur le Beagle, c’est comprendre pourquoi Darwin y a vu l’origine des espèces.

Accès et base logistique :
– Ushuaia est le point de départ incontournable. Atterrissez à son aéroport (vols depuis Buenos Aires ou El Calafate) ou arrivez par la mythique route 3, terminus panaméricain.
– Réservez tôt (surtout en été) : les quais d’Ushuaia regroupent des dizaines d’agences (Patagonia Adventure Explorer et Tres Maria sont recommandées pour leurs guides francophones).

Activités clés à combiner :
– Navigation incontournable : optez pour une excursion incluant le phare, les îles aux otaries (Los Lobos) et aux oiseaux (Los Pájaros). Les départs à l’aube maximisent les chances de voir des baleines.
– Parc national Tierra del Fuego : à 12 km d’Ushuaia, arpentez les sentiers de la baie Lapataia ou empruntez le Train du bout du monde, ancien transport des bagnards.

Randonnées complémentaires :
– Laguna Esmeralda : lac émeraude niché dans les montagnes (9 km AR, niveau moyen).
– Glacier Martial : vue panoramique sur Ushuaia et le canal (accès par téléphérique ou rando).

Conseils pratiques :
– Quand y aller : l’été austral (novembre à mars) offre des températures plus clémentes (4°C à 14°C) et une faune abondante. Évitez mars si vous voulez voir des manchots.
– Équipement essentiel : coupe-vent étanche, couches thermiques, jumelles, et médicaments contre le mal de mer (les eaux sont tumultueuses !) .
– Précautions : certaines îles (comme Martillo) limitent les visiteurs à 80 personnes/jour – réservez des mois à l’avance.

 Le saviez-vous ?
– Profondeurs mystérieuses : le canal atteint 400 m de profondeur par endroits, attirant plongeurs expérimentés pour ses forêts d’algues géantes et épaves historiques.
– Microclimat surprenant : malgré la latitude, la zone abrite des plantes carnivores (Drosera uniflora) et des orchidées rares grâce à l’influence océanique.
– Alternative chilienne : Puerto Williams (Chili), plus au sud qu’Ushuaia, offre des navigations moins fréquentées mais tout aussi spectaculaires.

La traversée du canal de Beagle : lions de mer, otaries et cormorans royaux

Dimanche 28 février. C’est une belle journée qui s’annonce sur Ushuaia. Il fait gris, mais il ne fait pas froid. Mes craintes d’un temps froid se sont évaporées, tant mieux. Ce matin, je redescends la colline des Cormoranos pour me rendre directement au port. Au menu du jour : la traversée du canal de Beagle. Des tas d’agences proposent à peu près la même visite. Pour moi, ce sera Patagonia Adventure qui est la seule à nous emmener au plus proche des lions de mer. À peine le temps de patienter dans les locaux de l’Office de tourisme, puis de payer la taxe portuaire, et on embarque à bord d’un petit bateau. C’est parti pour l’aventure !

Très vite, on s’éloigne du port d’Ushuaia. Les côtes escarpées et montagneuses qui enserrent la ville du bout du monde apparaissent sous la brume. De là, on comprend bien que nous sommes ici dans la queue des Andes. Une fois les balises passées, on navigue enfin dans le canal de Beagle. Long de 185 km, il relie le Pacifique à l’Antarctique et se situe à environ 150 km du Cap Horn. Sa rive nord est argentine, sa rive sud est chilienne.

Bon en gros, voici comment se présente l’excursion.

Après un bon quart d’heure de navigation, nous voici au large de l’île aux oiseaux, habitée par des colonies de cormorans à ventre blanc, avec leurs nids. Nous pouvons observer leurs petits du printemps jusqu’à l’automne. Bon, c’est bien simple, ils sont des milliers. Quelle claque !

Après ce moment étonnant, nous poursuivons notre route à travers le canal de Beagle. Notre guide profite de ce moment de répit pour nous expliquer l’histoire de ce lieu mythique.

Prochaine étape : l’île des lions de mer. Il y en a partout ! Les mâles dominants se placent au milieu de leur harem. Et gare aux jeunes mâles qui voudraient lui disputer son règne. Il pousse des cris rauques impressionnants. Notre bateau n’en finit pas de manœuvrer pour nous offrir la meilleure vue possible sur la colonie. C’est ainsi que je fais la connaissance d’Aurore et de ses amis français qui entreprennent un tour de plusieurs mois de l’Amérique du Sud.

Comment reconnaître un lion de mer au fait ? L’animal est une otarie et doit son nom à la crinière des mâles. Ils peuvent peser jusqu’à 350 kg pour 2,20 m et ont le col couvert de fourrure jaune.
La femelle ne dépasse pas 1,50 m et ne pèse que 70 kg. La gestation dure onze mois et les naissances ont lieu entre janvier et février. On peut encore mieux les admirer sur l’Isla de los lobos. Quelle émotion !

Bonne nouvelle, nous arrivons au large du phare des Éclaireurs et la grisaille finit par se lever pour laisser la place à un beau ciel bleu. Autour de l’édifice, la mer forme comme une mer d’huile. Étrange.

Voici donc le fameux phare, souvent apparenté au phare du bout du monde écrit par Jules Verne. Mais il n’en est rien. La reconstitution du fameux phare de Jules Verne se dresse sur l’île des États, à l’est de la Terre de Feu. C’est ici que le paquebot allemand Monte Cervantes échoua en 1930 et sombra en 24 heures. Les 1.250 passagers et 300 hommes d’équipage furent sauvés en grimpant à bord des chaloupes… Seul le capitaine du bateau sombra avec son navire.

Nous redescendons désormais le canal de Beagle. À gauche, on approche des côtes de l’isla de los Pajaros où vit une autre colonie de cormorans royaux (au cou blanc) et de cormorans Magellan (au cou noir). Moins impressionnant toutefois que la première île que nous avons abordée.

Après une petite heure de navigation, nous naviguons bientôt au large des îles Bridges qui forment une sorte d´archipel au milieu du Canal de Beagle.

Une fois débarqué sur l’île principale, il nous faut reconnaître les restes archéologiques des aborigènes Yaghans, ainsi que les oiseaux et la flore de la région. Cette île a les plus grandes accumulations anthropogéniques yámanas de la région. Elle recèle aussi d’une flore tout à fait exceptionnelle, parmi laquelle une espèce endémique de mousse unique au monde. Des années pour croître, et le seul pied posé sur elle la détruit en moins d’un jour.

Une petite marche à travers la lande et nous grimpons pour atteindre le point panoramique le plus haut de l’île, d’où nous observons la magnificence du Canal du Beagle, avec la ville d’Ushuaia en toile de fond. Les nuances de vert et de bleu sont saisissantes. Sur le sommet du promontoire, un rapace surveille les eaux cobalt de canal.

La pointe de l’île forme comme un éperon rocheux qui se déroule comme une immense langue de lichens, de mousses et d’herbes folles. Splendide.

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