You are currently viewing Les ruines de Qutb Minar, la grande mosquée et son minaret

Les ruines de Qutb Minar, la grande mosquée et son minaret

Pourquoi visiter le site de Qutb Minar ?

Visiter le complexe de Qutb Minar à Delhi, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est une plongée dans les origines de la domination islamique en Inde et un témoignage architectural d’une rare puissance. 

La tour de Qutb Minar

La tour de Qutb Minar elle-même, haute de près de 73 mètres, est une prouesse architecturale. Érigée à partir du XIIe siècle par Qutb-ud-din Aibak, le premier sultan de Delhi, elle célébrait la victoire musulmane et servait de minaret pour l’appel à la prière. Gravir ses cinq étages, chacun marqué par un balcon en encorbellement et orné de motifs géométriques et de calligraphies du Coran, n’est plus permis aujourd’hui, mais le simple fait de lever les yeux vers son sommet donne la puissance de ses bâtisseurs. C’est le plus haut minaret de brique du monde, un record qui tient toujours.

Un champ de ruines

L’intérêt du site réside aussi dans le champ de ruines qui l’entoure, un musée à ciel ouvert de l’architecture indo-islamique naissante. La présence du pilier de fer de Delhi, vieux de plus de 1600 ans, est un mystère scientifique : composé de fer pur à 98%, il ne rouille pratiquement pas, défiant les lois de la métallurgie ancienne. Juste à côté, les vestiges de la toute première mosquée construite en Inde, la Quwwat-ul-Islam (“Puissance de l’Islam”), révèlent un syncrétisme fascinant. On y voit comment les colonnes et les éléments de 27 temples jaïns et hindous démantelés ont été réutilisés pour ériger la mosquée, créant un mélange de motifs floraux hindous et de calligraphies arabes. 

Une atmosphère particulière

Enfin, le complexe offre une atmosphère particulière, plus paisible que les sites du Vieux Delhi. Se promener parmi les tombeaux, les arches inachevées et les cours silencieuses, c’est sentir le poids des siècles et de l’histoire. C’est un lieu qui invite à la contemplation de la fragilité des empires et de la résilience de la pierre. Visiter Qutb Minar, c’est remonter à la source de sept siècles de domination musulmane en Inde et comprendre comment une nouvelle culture s’est implantée, s’est adaptée et a créé, sur les ruines des anciennes, une architecture qui allait définir le sous-continent pour des siècles.

Comment visiter le site de Qutb Minar ?

Accès et planification

Le site de Qutb Minar est situé dans le sud de Delhi, dans le quartier de Mehrauli. Le moyen le plus simple pour s’y rendre est d’utiliser le réseau de métro. La station la plus proche est Qutb Minar sur la ligne jaune. Depuis la station, un court trajet en auto-rickshaw ou une marche de 10 à 15 minutes est nécessaire pour atteindre l’entrée principale. Le complexe est ouvert tous les jours, du lever au coucher du soleil. Les billets d’entrée pour les visiteurs étrangers sont payants et un supplément est souvent exigé pour l’utilisation d’un appareil photo. Il est conseillé de visiter le site tôt le matin pour éviter la chaleur et les foules importantes, surtout le week-end.

Déroulement de la visite

La visite commence généralement par la découverte de la tour emblématique de Qutb Minar elle-même. Il est interdit de monter à l’intérieur, mais on peut en faire le tour pour admirer ses sculptures et ses inscriptions calligraphiées. Ensuite, dirigez-vous vers les ruines de la mosquée Quwwat-ul-Islam, la première construite à Delhi, qui se trouve juste à côté. Vous pourrez y observer le fameux pilier de fer, vieux de plus de 1600 ans et réputé pour sa résistance à la rouille. Le complexe abrite également le tombeau d’Iltutmish, le Alai Darwaza (une porte monumentale) et les vestiges d’un minaret inachevé, l’Alai Minar.

Conseils pratiques :

Emportez de l’eau et un chapeau, car l’ombre est limitée sur une grande partie du site. Pour les photographes, la lumière du début de matinée ou de fin d’après-midi est idéale pour capturer la couleur chaude du grès. Comptez environ 1h30 à 2h30 pour une visite complète et détaillée. Il est possible de engager un guide officiel à l’entrée pour approfondir l’histoire du lieu. Enfin, soyez vigilant avec vos effets personnels dans la foule.

Les ruines de Qutb Minar, la grande mosquée et son minaret

Jeudi 27 avril. Impossible de quitter Delhi sans aller faire un tour de Qutb Minar, le plus ancien minaret de la plus vieille mosquée du pays, édifiée par les musulmans en 1199.

Nous sommes en fin de journée et je ne suis pas pressé. Trop heureux d’être ici, au coeur de ce vaste site archéologique. Du coup, je commence par l’ouest de la mosquée, où se dresse Alai Minar.

Alai Minar est l’ébauche d’un projet pharaonique inachevé. Ala ud-Din Khilji envisageait de faire construire une tour deux fois plus haute que celle du Qutab Minar. Il n’aura vu que la construction de sa base.

Le minaret d’Alai Minar devait monter deux fois plus haut que Qutb Minar ! Toutefois ce projet mégalomane fut abandonné… dès le premier étage de la fusée divine ! Il n’en reste aujourd’hui qu’un moignon.

Pour revenir vers Qutb Minar et sa mosquée, il suffit juste d’emprunter un agréable petit chemin ombragé.

Les effets du vent dans les branches et les feuilles des arbres forment un magnifique mouvement de balancier. Très photogénique.

Après ce petit crochet par Alai Minar, le projet avorté de minaret monumental, je m’enfonce désormais au milieu d’une forêt de colonnes et de pans de murs. Me voici au cœur de l’ancienne mosquée : la mosquée Quwwat ul-Islâm, la première construite en Inde, œuvre de Qûtb ud-Dîn Aibak.

De cette grande mosquée bâtie sur d’anciens temples hindous et jaïns, il ne reste aujourd’hui que des ruines. Mais quelles ruines !

D’après une inscription située au-dessus de l’entrée orientale, cette mosquée a été élevée en réutilisant des éléments obtenus de la démolition de 27 temples « idolâtres ». Elle comporte ainsi un mélange de style indien et de style islamique.

Se promener au milieu de ces ruines, de ces colonnes finement ciselées apporte un grand moment de paix. C’est étrange comme j’ai toujours préféré les ruines aux bâtiments monumentaux parfaitement conservés. La vie ne semble jamais avoir quitté ces lieux.

La cour de la mosquée est encore dominée par un portail monumental rappelant par son ogive les monuments sedjoukides de Perse et de Turquie.

Impossible de ne pas s’attarder au pied de cet extraordinaire portail décoré d’inscriptions, d’arabesques et de panneaux à figures géométriques d’une grande délicatesse, avec emploi de marbres veinés de blanc et noir et de schiste bleu.

À force de retarder l’échéance, me voici enfin devant la bête… Le minaret est le minaret indien le plus haut, et le troisième mondial.

Il faut lever haut la tête pour apercevoir la coupole du minaret… Haut de 72 mètres pour un diamètre de 14 mètres à la base et 3 mètres au sommet, ce monument fut édifié par les musulmans en 1199. Comme la mosquée, il est le plus ancien monument musulman du pays.

Qûtb ud-Dîn Aibak, le premier sultan de Delhi – inaugurant une succession de plusieurs dynasties musulmanes – commence la construction du Qûtb Minâr en 1192, mais ne réalise que le premier niveau.
Son successeur, Îltutmish, lui ajoute trois niveaux supplémentaires et, en 1368, Fîrûz Shâh Tughlûq construit le cinquième et dernier étage.

L’évolution des styles architecturaux d’Aibak à Tuglûk est manifeste lorsqu’on regarde le bâtiment dont la destination n’est pas claire. Certains prétendent qu’il a été construit comme une tour de la victoire pour signifier le début du pouvoir musulman sur l’Inde, alors que d’autres y voient le minaret de la mosquée contiguë utilisé par les muezzins pour l’appel à la prière.

Qutb Minar rappelle les constructions afghanes du même type, mais ce sont des mains hindoues, rompues depuis des siècles au travail de la pierre, qui accomplirent la tâche.

Sur chacun des trois premiers étages, bâtis en grès rouge et cannelés, sont reproduites des sourates du Coran dans des bandeaux d’arabesques fleuries magnifiquement ciselées dans la pierre. Les deux étages suivants ont été construits en marbre avec des anneaux de grès rouge.
Pour l’anecdote, il est désormais interdit de monter au sommet du minaret depuis qu’une bousculade dans l’escalier a fait plus de 40 morts en 1981.

Au centre de la cour de la mosquée, impossible de passer à côté de l’extraordinaire colonne de fer dressée entre les ruines.

Cette colonne de fer mesure environ 7 mètres de haut pour plus de 6 tonnes. Dès le Ve siècle de notre ère, les Hindous étaient ainsi capables de forger du fer pur – à plus de 99,5 % tout de même !-, exploit que la technologie occidentale n’est parvenue à réitérer qu’au XIXe siècle !

Aussi incroyable que cela soit, cette colonne de fer ne porte aucune trace de rouille, et ce, après plus de 800 ans passés au milieu de cette cour.
On dit qu’en se tenant dos à elle, si vos mains arrivent à se toucher, vos vœux se réalisent. Malheureusement, ce dicton est impossible à vérifier… Une barrière a été installée pour éviter justement qu’on puisse embrasser la colonne entre ses bras.

De l’autre côté de Qutb Minar, c’est une autre mosquée, de proportion bien plus modeste que les ruines, qui se dresse dans le ciel azur. Il s’agit de la mosquée d’Alai Darwaza qui date tout de même du XIIIe siècle.

L’ensemble est planté au centre d’un petit parc bien tondu, très agréable à arpenter… et très loin de la cohue de la ville !

Sur les marches de la petite mosquée, c’est un festival de selfies… J’adore cette photo.

La mosquée d’Alai Darwaza présente des porches sculptés de fleurs de lotus et des façades ciselées d’inscriptions de versets du Coran.

Un vrai travail d’orfèvre.

Laisser un commentaire