Pourquoi faire un road trip le long de la péninsule de Dingle ?
Des paysages sauvages
Faire un road trip le long de la péninsule de Dingle, dans le comté de Kerry, offre une expérience profondément authentique et concentrée de l’Irlande sauvage, souvent considérée comme plus intimiste que son voisin, le Ring of Kerry. Cette avancée dans l’Atlantique est un sanctuaire de paysages dramatiques, où la langue irlandaise (le gaélique) est encore la langue vernaculaire quotidienne, ce qui lui confère une atmosphère unique et préservée.
La route côtière
La péninsule de Dingle est un chef-d’œuvre de géographie vivante. La route côtière, le Slea Head Drive, serpente au pied de falaises vertigineuses tombant dans un océan turquoise, passe par des plages de sable blond dignes des Caraïbes, comme Inch Beach ou Coumeenoole Beach, et traverse des vallées parsemées de moutons. Chaque virage dévoile un nouveau tableau, des îles Blasket qui émergent au large aux formations rocheuses sculptées par les vents. La lumière, constamment changeante, sculpte les reliefs et crée une atmosphère à la fois rude et poétique, capturant l’essence même de la côte atlantique irlandaise.
Un musée à ciel ouvert
Au-delà des paysages, Dingle est un musée à ciel ouvert d’histoire ancienne. La péninsule est l’un des plus grands concentrés de sites archéologiques d’Irlande. On y découvre facilement des huttes préhistoriques (clocháns), des forts de l’âge du fer comme le Dún Beag Fort, et des oratoires chrétiens du VIIIe siècle parfaitement préservés, tel le Gallarus Oratory. Ces vestiges, immergés dans la lande, racontent une histoire ininterrompue de l’occupation humaine. La relation avec l’océan est également palpable, notamment à l’ancienne école de Blasket, qui retrace la vie unique et la riche tradition littéraire des habitants des îles Blasket, évacuées dans les années 1950.
Une vie culturelle intense
Enfin, le road trip est animé par la vie culturelle et la convivialité de la ville de Dingle (An Daingean). Ce port de pêche coloré est un joyau, réputé pour ses pubs de musique traditionnelle, ses excellents restaurants de fruits de mer et son ambassadeur le plus célèbre : Fungie, un dauphin solitaire qui a habité la baie pendant des décennies. Bien qu’il ait disparu, son esprit demeure. Prendre le temps de s’arrêter ici, de discuter avec les habitants dans un pub où l’on parle gaélique, ou de faire une excursion en bateau pour observer la faune marine, c’est s’offrir le cœur battant de cette région. Faire le tour de la péninsule de Dingle, c’est ainsi accepter une invitation au ralentissement, à la découverte d’une Irlande intime, résiliente et résolument ancrée dans ses traditions.
Comment faire un road trip le long de la péninsule de Dingle ?
Accès et planification
Le point de départ pour explorer la péninsule de Dingle est la ville animée de Dingle elle-même, un port de pêche coloré rempli de pubs, de restaurants et de musique traditionnelle. Pour vous y rendre, la location d’une voiture est essentielle depuis les grandes villes comme Killarney ou Tralee. La route principale qui ceinture l’extrémité ouest de la péninsule est le Slea Head Drive, une boucle spectaculaire d’environ cinquante kilomètres qu’il est impératif d’emprunter dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Cette règle non écrite facilite la circulation sur des routes très étroites où les croisements peuvent être délicats. Prévoyez au minimum une journée complète pour cette boucle, bien que deux jours permettent une exploration plus approfondie et sereine.
Déroulement du parcours et découvertes
En quittant Dingle en direction de Ventry, vous longez d’abord une immense plage de sable avant que la route ne commence à serpenter au plus près des falaises. Le paysage devient rapidement épique, avec l’océan Atlantique d’un bleu profond à votre gauche et des champs verts dévalant vers la mer. Les points de vue se succèdent, chacun plus impressionnant que le précédent, notamment à Slea Head où les îles Blasket apparaissent dans toute leur sauvagerie. Le parcours est ponctué de sites archéologiques exceptionnels que l’on peut découvrir au fil des arrêts, des groupes de huttes préhistoriques en pierre sèche aux forts de l’âge du fer juchés sur des promontoires. La route passe ensuite par le village de Dunquin et son port escarpé, puis redescend vers la chapelle du Gallarus Oratory, un chef-d’œuvre d’architecture early Christian parfaitement préservé.
Conseils pratiques :
La conduite sur la péninsule demande une attention constante en raison de la étroitesse de la chaussée et de la présence fréquente de moutons et de randonneurs. Il est crucial d’utiliser les aires de stationnement aménagées pour profiter des points de vue et laisser passer les autres véhicules. La météo est réputée pour sa rapidité à changer ; un soleil éclatant peut laisser place à une brume humide en quelques minutes, il est donc sage de prévoir des vêtements adaptés à toutes les conditions. Pour goûter pleinement à l’atmosphère unique de la région, prenez le temps de vous arrêter dans un pub de campagne pour écouter de la musique irlandaise et d’engager la conversation avec les habitants. Enfin, une excursion en bateau depuis le port de Dingle ou de Dunquin pour observer une faune marine riche ou pour approcher les îles Blasket abandonnées constitue un complément inoubliable à la route terrestre.
Sur la côte ouest, le long de la péninsule de Dingle
Samedi 26 novembre. Cap sur le comté de Dingle et sa péninsule. Beauté sauvage. La route étroite serpente autour de ce morceau de terre arraché à la mer et borde les falaises. Chaîne de montagnes arides et collines rocheuses couvertes d’une lande maigrichonne. Jeu de lumière avec le ciel et les nuages.
À deux pas d’Inch, au sud de la péninsule, je trouve une belle plage de sable blanc hérissée de joncs et de bruyères, et balayée par le vent. La mer est démontée. Qu’importe, une poignée de fous en combinaison brave la tempête et s’en va surfer sur les vagues. Ils sont fous ces Irlandais !
Un d’entre eux me fait remarquer que quelque chose cloche bien sous la voiture. Cette fois-ci, je jette un coup d’œil sous le bas de caisse… Effectivement, la protection du carter d’huile est à moitié arrachée. Merci Budget ! Voiture de merde. Rien d’alarmant toutefois. La voiture peut encore très bien rouler jusqu’à demain et l’aéroport de Dublin. Bref, on verra ça demain.
Le long de la Slea Head qui sillonne les côtes de la péninsule, on plonge au cœur du comté de Dingle. La route longe la corniche balayée par les vents et attaquée par les déferlantes de l’Océan atlantique. De minuscules murets de pierre délimitent encore les terres d’élevage où paisse une armée de moutons. La montagne plonge dans l’eau. Au détour d’un virage, une vierge blanche apparaît, symbole du naufrage, qui, plus bas, a coûté la vie à une dizaine de marins irlandais. Plus on s’approche de la pointe de la péninsule, plus les falaises sont déchiquetées par les vagues qui se fracassent contre elles.
Enfin, on arrive à la pointe de la péninsule de Dingle. Magnifiques falaises d’où l’on voit la silhouette des îles Basket, uniquement peuplées de moutons. Au bas de la falaise, une petite plage où accostaient autrefois les contrebandiers. Vaches et moutons se disputent les terres d’élevage. En regardant vers le nord, on aperçoit la côte déchiquetée par les vagues, dos verts qui semblent glisser inexorablement dans l’océan. Des bancs permettent de profiter à plein du spectacle de la force de la nature.
Je continue mon tour de la péninsule avec l’appréhension que cette satanée voiture me lâche… Route sinueuse au bord de la falaise. Le vent souffle. Je trouve enfin ce que je cherchais : l’oratoire de Gallarus, une petite chapelle en forme de coque de bateau renversée. Le plus monument de ce type en Irlande. Entre le VIIIe et le IXe siècle. Pour y accéder, il faut remonter un petit chemin de pierre. Dépaysement total. On se croirait dans un film.
Cette fois-ci, il est grand temps de rentrer. Presque 17 heures, mais la nuit menace déjà de tomber. Avec les routes étroites et à flanc de falaise, il vaut mieux se montrer prudent. Pas question non plus de perdre du temps à Tabert pour attendre le ferry et rejoindre le comté de Clare. Long détour par Limerick et Ennis pour rejoindre Lahinch, au pied des fameuses falaises de Moher. Hôtel super sympa planté en plein cœur du village. Le patron me serre la main et me propose un verre. « Ce soir, c’est samedi soir, c’est concert ».
Ok, le temps de remonter dans ma chambre et la musique irlandaise monte directement dans ma chambre. Du coup, pas la peine d’essayer de dormir. Je renfile mon pantalon et je vais faire la fête avec tous les types du village. Le pied total. « Merde, mais je connais cette musique… » Incroyable, ce sont les Pogues qui jouent au fin fond de ce bled perdu de l’Irlande ! Un souvenir inoubliable et une soirée vraiment géniale.