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La très difficile ascension du canyon de Colca

Pourquoi faire le trek du canyon de Colca ?

Faire le trek du canyon de Colca est une des expériences les plus fortes que vous vivrez au Pérou. 

La descente du canyon

La descente vers le fond du canyon est un voyage à travers des écosystèmes étagés, où l’air se fait plus chaud à chaque mètre perdu. Au fond, les oasis de verdure contrastent violemment avec l’aridité des falises. Ces îlots de vie abritent des villages où le temps semble suspendu, et où l’accueil des habitants rappelle que certaines communautés vivent encore en symbiose avec ce territoire exigeant.

La nuit au fond du canyon et la remontée

La nuit passée sous les palmiers, dans le silence minéral du canyon, procure une sensation d’isolement et de connexion primitive à la terre. Puis la remontée au petit jour, exigeante et parfois éprouvante, devient une épreuve autant physique que mentale. Chaque pas vers la surface demande un effort qui fait mesurer la vulnérabilité humaine face à l’immensité géologique.

Une expérience unique

Ce trek n’offre pas de confort, mais il donne en échange une humilité devant les forces qui ont sculpté ces paysages, et une compréhension intime de la résistance des populations andines. On ne ressort pas de cette expérience inchangé : le canyon laisse en celui qui l’a traversé la mémoire durable de son aridité, de sa beauté rude et de la persistance de la vie dans ce qui semble être un désert minéral.

Comment faire le trek du canyon de Colca ?

Pour réaliser le trek du canyon de Colca depuis Arequipa, l’organisation commence par la réservation d’un tour ou d’un transport indépendant. La majorité des voyageurs optent pour une excursion de deux jours, bien que des itinéraires de trois à quatre jours existent pour les randonneurs expérimentés.

Jusqu’au village de Cabanaconde

Le premier jour, un véhicule collectif ou privé récupère les participants à leur hôtel vers 3h00 du matin pour un trajet de quatre heures jusqu’au village de Cabanaconde, point de départ de la descente. Après un petit-déjeuner pris sur place, la randonnée commence par un sentier abrupt menant au fond du canyon, avec une descente de 1 200 mètres de dénivelé sur environ quatre heures de marche.

Comment faire l’ascension au petit matin

L’arrivée a lieu dans l’oasis de Sangalle, où des lodges basiques proposent l’hébergement pour la nuit. Le lendemain, le lever se fait avant l’aube pour entamer la remontée, plus exigeante, nécessitant trois à quatre heures d’effort soutenu. Un breakfast attend les randonneurs à Cabanaconde avant la visite du mirador des condors et le retour vers Arequipa en fin de journée.

Combien ça coûte ?

Le coût varie selon le type de service. Un tour groupé standard, incluant transport, guide, repas et une nuit en lodge, coûte 150 à 250 soles (35 à 60 €). Pour une expérience privée ou en petit groupe avec un meilleur confort, le prix s’élève à 400 à 600 soles (90 à 140 €). Les voyageurs indépendants peuvent réduire les frais en utilisant les bus locaux (30 soles pour Arequipa-Cabanaconde) et en négociant directement l’hébergement dans l’oasis (30 à 50 soles la nuit), mais cette option demande une logistique maîtrisée.

S’acclimater à l’altitude

Il est essentiel de s’acclimater préalablement à l’altitude à Arequipa, de porter des chaussures de randonnée et de prévoir une lampe frontale pour la remontée matinale.

La très difficile ascension du canyon de Colca

Mercredi 4 mai. Pas de grande soirée interminable hier soir, mais une bonne partie de rigolade. Du temps passé à mieux se connaître chacun. Deux jours de randonnée épuisante forgent des amitiés. 21 heures à peine et tout le monde au lit. Demain matin, départ en pleine nuit pour commencer la remontée du canyon.
Réveil en douceur. À 4 heures, tout le monde est déjà sur le pied de guerre, sac à dos, chaussures, et bouteille d’eau à portée de main. L’épreuve est rude. Il nous faut remonter la montagne sur un dénivelé de plus de 1.200 mètres en partant en pleine nuit, lampe frontale pour les uns, torche du smartphone pour les autres.
Avant que le jour ne se lève, il nous faut suivre la cadence imposée par Maria, marcher les uns et les autres de concert, dans les pas de celui qui nous précède. Une question de sécurité et de solidarité. La première heure est épuisante, il faut suivre le rythme imposé par Maria, notre guide.
Puis enfin, le soleil se lève, les flancs escarpés du canyon surgissent de l’obscurité. Une lumière pâle baigne les contreforts de la montagne. Il faut attendre encore une bonne demi-heure pour voir enfin le soleil apparaître et zébrer les flancs du canyon. Des mules descendent le chemin, conduites par des paysans qui proposeront leurs services aux randonneurs en détresse. Ce n’est pas mon cas. Pour l’instant, je tiens la cadence…

La montée du canyon est une épreuve de force. Épuisante. Une lutte continuelle contre soi pour poursuivre la marche. Au bout de trois heures de marche, chacun est laissé à lui-même, libre d’aller au rythme qui lui convient. Les plus pressés du début sont parfois plantés au bord du chemin.
La beauté sidérale du site m’accompagne à chaque pas. Les lignes des chemins incas zèbrent encore la montagne. Les condors sillonnent le ciel azur. Les premiers randonneurs qui ont lâché remontent le chemin à dos de mules. À leurs risques et périls. Chaque année, mules et touristes basculent dans le ravin. Je préfère encore marcher, aller au bout de moi-même et de mes forces.

L’ascension se poursuit. La montée n’offre que peu de moments de répits. Il faut donc ménager ses efforts et surtout, aller à son rythme. Chaque lacet de la montagne est une épreuve. Seule consolation, on peut désormais voir le sommet du canyon. La fatigue est là, mais il faut rester vigilant. Un pas de côté et c’est la chute dans le ravin. Je m’étonne encore de ces touristes qui font une confiance aveugle aux mules qui les transportent.
Le soleil désormais bien présent ajoute encore à la difficulté. Je relève la tête. L’arrivée au sommet est si proche et si loin à la fois. Encore un effort. J’arrive enfin au sommet du canyon sous les applaudissements du groupe. Nous sommes une dizaine à être arrivés. Il faudra encore attendre une bonne heure avant que tous n’arrivent à leur tour. Quel trek ! Jamais je n’oublierai cette marche vers les cimes du canyon. Quelle épreuve physique et mentale. Sans doute un des plus grands moments de mon existence.

Il faut maintenant penser à bien s’alimenter et à boire avant de finir l’aventure. Ce moment de répit permet de faire quelques photos-souvenirs avec les Indiens aymaras et les guides.

Encore un petit effort. Il nous faut marcher encore une petite demi-heure avant de rejoindre Cabanonde. On marche ainsi à travers les champs de maïs, les anciennes terrasses incas toujours cultivées, les prairies où broutent vaches et mules. Un moment de paix.

Enfin nous voici à Cabanonde (3.287 m), petit village de 3.000 habitants surplombant le canyon de Colca. Mis à part sa petite église coloniale, pas grand-chose à voir ici. C’est ici pourtant que nous attend le petit-déjeuner, thé et café à volonté, confitures, fruits, de quoi remettre un peu de carburant dans la machine.
Dans le regard de chacun, on peut lire la fierté. Mes amis français n’hésitent pas à comparer la montée du canyon avec le trek du Fitz Roy, en Argentine, que j’ai moi-même fait. « Plus dur encore ». Oui, plus éprouvant en effet. Quelle joie de l’avoir fait !

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