Pourquoi visiter le Taj Mahal ?
Visiter le Taj Mahal est bien plus qu’une simple étape touristique ; c’est une expérience qui touche à l’universel, un pèlerinage sur l’autel de la beauté architecturale et d’une histoire humaine qui transcende les siècles. Ce n’est pas un hasard si des millions de personnes du monde entier se rendent à Agra pour le contempler.
Sa perfection esthétique
La première raison est sa perfection esthétique, une harmonie qui laisse sans voix. Érigé au XVIIe siècle par l’empereur moghol Shah Jahan comme mausolée pour son épouse Mumtaz Mahal, le Taj Mahal est le chef-d’œuvre de l’architecture indo-islamique. Sa symétrie, la pureté de son dôme de marbre blanc en forme de bulbe qui semble flotter au-dessus du sol, et les quatre minarets qui encadrent le monument comme des gardiens, créent une vision d’une grâce et d’une élégance rares. La décoration en pietra dura, où des pierres semi-précieuses sont incrustées dans le marbre pour former des motifs floraux et des calligraphies du Coran, témoigne d’un savoir-faire unique.
Une déclaration d’amour éternel
Au-delà de la pierre, le Taj Mahal est une déclaration d’amour éternel. L’histoire qui l’anime est aussi puissante que sa forme. L’empereur, dévasté par la mort de son épouse bien-aimée, a mobilisé 20 000 artisans et des ressources colossales pour créer un monument à la hauteur de son chagrin et de sa dévotion. Se tenir devant lui, c’est ressentir l’émotion brute qui a présidé à sa création, une histoire qui parle à chacun, au-delà des cultures et des époques.
Une expérience sensorielle
L’expérience est également sensorielle. Le Taj Mahal ne se révèle jamais de la même manière. Il se teinte de rose pâle à l’aube, éblouit de blancheur sous le soleil de midi et semble se parer d’or au coucher du soleil. Le voir se refléter dans les longs bassins d’eau qui mènent à son parvis, ou le contempler depuis la rivière Yamuna, offre des perspectives sans cesse renouvelées. C’est un spectacle émouvant qui invite à la contemplation et à la méditation.
Une idée de la beauté absolue
Enfin, visiter le Taj Mahal, c’est se confronter à une idée de la beauté absolue et de l’éphémère. C’est un lieu qui rappelle la mortalité et la passion, la puissance et la fragilité. Malgré la foule et le bruit d’Agra, il dégage une sérénité inexplicable. On en repart transformé, non pas seulement avec une photographie, mais avec la mémoire durable d’une œuvre qui a su, pour un instant, unir le terrestre et le divin.
Comment visiter le Taj Mahal ?
Accès et planification
Le Taj Mahal est situé à Agra, dans l’État de l’Uttar Pradesh. La majorité des visiteurs s’y rendent depuis Delhi, soit en train, avec les trains rapides Gatimaan Express ou Shatabdi qui relient la capitale à la gare d’Agra Cantt en environ deux heures, soit en voiture avec chauffeur pour un trajet d’environ trois à quatre heures. Il est crucial d’acheter son billet en ligne à l’avance sur le site officiel de l’Archaeological Survey of India pour éviter les files d’attente souvent très longues à la billetterie. Le monument est fermé au public tous les vendredis.
Horaires et tarifs
Le site est ouvert du lever au coucher du soleil. L’idéal est d’arriver dès l’ouverture, vers six heures du matin, pour profiter de la lumière douce du petit matin et devancer la foule. Les tarifs pour les visiteurs étrangers sont sensiblement plus élevés que pour les ressortissants indiens. Comptez environ 1 100 roupies pour l’entrée de base, avec un supplément pour pénétrer à l’intérieur du mausolée principal. Des chaussures de protection sont fournies gratuitement ou contre une caution minime pour préserver le marbre du sol.
Déroulement de la visite :
La visite commence par le franchissement d’une immense porte en grès rouge qui agit comme un cadre théâtral, dévoilant la perspective parfaite sur le mausolée. Prenez le temps de vous promener dans les jardins persans, les charbagh, dont les allées et les bassins d’eau ont été conçus pour mettre en valeur la symétrie du monument. Le cœur de la visite est bien sûr le mausolée lui-même, où vous pourrez admirer la perfection des incrustations de pierres semi-précieuses, la pietra dura, et vous recueillir devant les cénotaphes de l’empereur Shah Jahan et de son épouse Mumtaz Mahal. Ne négligez pas les bâtiments annexes, la mosquée en grès rouge à gauche et son symétrique, le jawab, à droite, qui complètent l’harmonie de l’ensemble. Pour une vue différente et plus paisible, de nombreux visiteurs se rendent ensuite de l’autre côté de la rivière Yamuna, dans les jardins de Mehtab Bagh, qui offrent une perspective classique sur le Taj Mahal, surtout magnifique au coucher du soleil.
Conseils pratiques :
Une tenue vestimentaire respectueuse est de mise. Prévoyez au moins deux à trois heures pour une visite complète sans précipitation. La période la plus agréable s’étend d’octobre à mars, lorsque les températures sont plus clémentes. Méfiez-vous des guides et des vendeurs non officiels à l’extérieur du site et négociez toujours le prix des courses en rickshaw à l’avance. Enfin, pour enrichir votre journée, combinez cette visite avec celle du Fort Rouge d’Agra, situé à seulement quinze minutes, qui est indissociable de l’histoire du Taj Mahal.
Agra, le Taj Mahal, objet de tous les désirs
Samedi 29 avril. Ce matin, levé de très bonne heure. Le jeu en vaut la chandelle. Je pars découvrir le Taj Mahal avant la foule des touristes. Tôt le matin, au lever du soleil, il n’y a pas mieux pour découvrir l’endroit le plus emblématique de l’Inde. Gare aux moustiques tout de même. Dès cinq heures du matin, ils sont une flopée à attendre leur chair quotidienne ! Et bien sûr, comme fait par hasard, j’ai oublié de me badigeonner de crème. Grrrrrrrrrrrr… Qu’importe, il est à peine six heures quand je déboule dans la grande cour d’entrée du Taj Mahal. C’est ici que se dresse une immense porte de grès rouge.
La magie du théâtre. En plaçant le Taj Mahal derrière cet immense portail, les architectes avaient prévu de maintenir le suspense jusqu’au dernier moment en cachant aux yeux de tous l’un des plus beaux monuments du monde. Entre les arcades de la porte, sa silhouette apparaît soudain.
Le voici donc ce Taj Mahal tant désiré ! Sa vision est éblouissante, presque irréelle. Quelle bonne idée d’être venu de si bon matin. Son enveloppe blanche, légèrement rosie par l’aube matinale dresse un portrait d’une beauté surréaliste. Flanqué de deux mosquées, le Taj Mahal se dresse au fond d’un long jardin au centre duquel est creusé un long canal dans lequel sa silhouette blanche se réfléchit. Magique.
Partout, des fontaines sont là pour renforcer la magie des lieux. Sorti des brumes matinales, le Taj Mahal se révèle enfin à mes yeux. Une splendeur créée non pas pour célébrer une ferveur religieuse, ni pour l’orgueil d’un monarque vieillissant, mais pour célébrer l’amour de l’empereur moghol Shah Jahan pour son épouse, Mumtaz Mahal.
Je profite de cet instant de quiétude pour immortaliser ce moment de grâce. Je sais que dans moins d’une heure, la cohorte des touristes de masse aura commencé à déferler sur le site… Profitons-en !
Construit de 1631 à 1648, le Taj Mhal est bien dédié à l’amour perdu de l’empereur pour sa femme adorée… qui lui donna pas moins de 14 enfants en seulement 19 ans de mariage. Elle mourut d’ailleurs en accouchant. Pour l’anecdote, elle devait suivre son mari sur tous les champs de bataille… L’empereur avait deux autres épouses et un gigantesque harem.
Le jour se lève et la silhouette gracieuse du Taj Mahal se découpe dans l’horizon. Une image censée ramener le souvenir de cette femme à la beauté éblouissante dont la mort laissa le cœur du monarque dévasté.
À l’aube, la magie du Taj Mahal opère comme dans un conte de fées. Dressé au centre d’une vaste esplanade surélevée par rapport aux jardins, le mausolée s’étire vers le ciel, colossal, en marbre blanc, aérien.
Comme aucun architecte du royaume n’était capable de concevoir un projet à la dimension de la douleur de l’empereur moghol, il aurait alors convoqué l’architecte perse le plus célèbre et tué sa fiancée… Il fallait bien que celui-ci comprenne la véritable douleur de perdre un être cher pour imaginer le Taj Mahal.
17 années de travail furent nécessaires à plus de 20.000 artisans venus des quatre coins du monde pour bâtir le Taj Mahal. Il combine ainsi éléments architecturaux perses, islamiques et d’Asie centrale. Le tombeau est coiffé d’un extraordinaire dôme en bulbe, le tout encadré par quatre minarets graciles et détachés. D’une splendeur inouïe.
Quel délicieux moment de découvrir le Taj Mahal dans l’aube du petit matin. Lumière divine qui patine le marbre blanc d’une merveilleuse teinte rose.
À gauche et à droite du monument, se dressent une mosquée et sa réplique, qui ne peut porter le nom de mosquée puisqu’elle n’est pas orientée vers La Mecque. Celle-ci est destinée à maintenir l’harmonie architecturale de l’ensemble.
Profitant de ce moment de grâce, j’en profite même pour prendre quelques clichés HDR… mais rien de probant. Décidément, je ne suis pas un adepte de ce mode de photographie qui inonde aujourd’hui tant d’exposition… Un trompe-l’œil en quelque sorte.
Rien ne vaut en effet, la douce lumière d’une aube naissante, les ombres qu’elle dessine et qu’elle allonge sur le parvis en marbre du Taj Mahal.
Depuis la terrasse, on a une vue fantastique sur la rivière Yamuna.
À l’est, la réplique de la mosquée émerge de la nuit.
À l’ouest, les flancs du Taj Mahal sont déjà recouverts d’une belle lumière blonde.
La rivière Yamuna est passablement asséchée. Seuls quelques bateaux isolés tentent encore la traversée.
Le soleil finit vraiment par se lever. Une dernière photo me permet de prendre ce couple enlacé qui traverse la terrasse dans la lumière du petit matin. Une de mes préférées. Coup de chance.
Depuis des siècles, le Taj Mahal fait l’objet de toutes les vénérations pour une grande partie des Indiens. Avec le tourisme de masse, cet objet de culte n’a cessé de croître. Du coup, je me réjouis encore de m’être levé de si bonne heure pour profiter du monument en toute intimité.
Dès 9 heures du matin, les Indiens et les touristes arrivent en masse. Le Taj Mahal est alors photographié sous toutes ses coutures. Sauf l’intérieur… Et pour cause, prendre en photo les tombes de Mumtaz Mahal et de l’empereur Shah Jahan est formellement interdit. Ok, je ne veux pas d’ennuis avec la police qui est très à cheval pour faire respecter cette règle.
Depuis l’extérieur, je me poste à l’extrémité de la terrasse, face à la rivière Yamuna, pour profiter du spectacle et du défilé bariolé des Indiens qui viennent rendre hommage à leurs glorieux et lointains ancêtres. Le ballet des couleurs des saris est tout simplement magique. Je profite encore de la belle lumière du matin pour réaliser quelques clichés intéressants.
À l’extrémité de la terrasse, je pourrais rester des heures à admirer le défilé bariolé des familles indiennes. Calé contre la barrière, je suis idéalement placé pour faire quelques clichés. Mais surtout pour profiter du spectacle. Le contraste entre le marbre blanc du mausolée et les vêtements si colorés des Indiens est saisissant.
Pas de photos à l’intérieur du mausolée, donc. Dommage, car les deux tombeaux sont comme voilés par une dentelle de marbre. Sur la tombe de Mumtaz Mahal, on peut distinguer une ardoise, symbole de la femme, et sur celle de Shah Jahan, un plumier, symbole de la virilité.
Retour vers le Jawab, la réplique de la mosquée qui se trouve de l’autre côté du mausolée. Seulement autorisé aux fidèles musulmans. De là, j’ai une vue extraordinaire sur le Taj Mahal. Mon 50 mm fait feu de tout bois pour saisir les silhouettes des Indiennes qui filent vers la terrasse. Instants magiques.
Depuis la réplique de la mosquée, le spectacle du Taj Mahal est tout simplement phénoménal. Prendre sa silhouette de marbre blanc dans l’ouverture des arcades est un vrai régal.
L’ensemble du Taj Mahal a été bâti dans une veine d’un extraordinaire marbre blanc du Rajasthan. Tous ses murs sont enluminés de mille et une inscriptions calligraphiques, motifs végétaux et bandeaux décoratifs en pierre polychrome marquetée. D’une beauté invraisemblable.
Tout l’édifice est absolument symétrique par rapport à la tombe de l’épouse de l’empereur… Tout ? Pas vraiment. Seule la tombe de Shah Jahan fait exception. Et pour cause ! Peu désireux d’assumer le coût du mausolée dont son père avait entrepris l’édification de l’autre côté de la rivière de la Yamuna (là où se trouvent les ruines des jardins de Mehtab Bagh), Aurangzeb, son fils qui le fit emprisonner pour prendre le pouvoir à sa place, fit placer le cénotaphe de Shah Jahan à côté de celui de Mumtaz Mahal (35 ans après le sien…), déséquilibrant ainsi la symétrie de l’intérieur. Un détail.
La réplique de la mosquée, le Jawab est également somptueux. Ses décorations, symboles géométriques, fleurs et autres inscriptions coraniques, le tout ciselé sur fond rouge, sont d’une grande beauté.
Et que dire des plafonds en coupole… Magnifique.
À l’extérieur de l’édifice, on retrouve la tradition moghole avec les quatre jardins persans qui entourent l’édifice. Hélas, le passage des Anglais a été fatal aux traditionnels charbagh persan qui étaient autrefois plantés d’arbres, où poussaient des fleurs en abondance.
Depuis, hélas, les pelouses à l’anglaise ont remplacé l’exubérance des jardins persans. Restent les jeux d’eau, les canaux et la vue fantastique sur le Taj Mahal !
À droite de la photo, on peut voir un des minarets en restauration. Un ouf de soulagement. Pendant des années, des décennies, le monument a été victime des émanations de gaz rejetées par les usines chimiques et les tanneries de la région… Dans les années 80, le Taj Mahal commençait à prendre une teinture jaunâtre ! Un comble. Du coup, les autorités prirent le taureau par les cornes. Plus de 200 usines durent fermer leurs portes et le trafic automobile interdit tout autour.
Aujourd’hui, une autre menace guette le Taj Mahal. La rivière Yamuna s’assèche et les nappes phréatiques s’affaissent. Des fissures sont apparues sur le monument. Du coup, les minarets risquent de s’écrouler si rien n’est fait pour les sauver.
Allez, une dernière petite photo pour immortaliser ce souvenir qui, je l’espère, restera longtemps gravé dans ma mémoire.