Pourquoi visiter Ajmer ?
Visiter Ajmer, située dans l’État du Rajasthan, offre une expérience riche et contrastée, différente des villes royales comme Jaipur ou Udaipur.
Un centre de pèlerinage islamique majeur
La raison la plus profonde de visiter Ajmer est le Dargah Sharif, le tombeau du saint soufi Khwaja Moinuddin Chishti. Ce sanctuaire du XIIIe siècle est l’un des lieux de pèlerinage les plus importants du monde musulman, attirant chaque année des centaines de milliers de fidèles de toutes confessions. L’atmosphère y est intense et mystique, particulièrement pendant les cérémonies de qawwali (musique dévotionnelle). C’est un lieu où la ferveur religieuse et la tolérance soufie sont palpables, offrant un aperçu unique de l’héritage spirituel composite de l’Inde.
Un lieu historique
Ajmer fut un carrefour politique et culturel stratégique, convoité à la fois par les souverains rajputs et les empereurs moghols. Le Taragarh Fort (ou “Star Fort”), l’un des plus anciens forts de l’Inde, offre depuis ses hauteurs une vue panoramique sur la ville et témoigne de cette histoire tumultueuse. L’Ana Sagar, un lac artificiel du XIIe siècle bordé de pavillons moghols (les baradaris), rappelle l’empreinte de l’empereur Jahangir. Cette superposition d’influences rajputes et mogholes donne à la ville une épaisseur historique particulière.
Une proximité directe avec Pushkar
La situation géographique d’Ajmer est un atout décisif : la ville est littéralement collée à Pushkar, l’un des lieux les plus sacrés de l’hindouisme, célèbre pour son lac et son temple de Brahma. Les deux villes, bien que radicalement différentes dans leur atmosphère (l’une musulmane et animée, l’autre hindoue et plus tranquille), forment un duo complémentaire unique au monde. Il est très simple de visiter les deux sites en un seul voyage, passant en quelques minutes d’un univers spirituel à un autre.
Une immersion dans la vie quotidienne du Rajasthan
Contrairement aux cités touristiques du Rajasthan, Ajmer est d’abord une ville de pèlerins et d’habitants. On y trouve une authenticité et une animation quotidienne moins mise en scène. Le marché typique autour de la Dargah Bazaar est un spectacle en soi, avec ses boutiques de fleurs, de chadars (drapes) offerts au sanctuaire et ses échoppes de cuisine de rue. C’est l’occasion de découvrir un Rajasthan profond, en dehors des circuits habituels.
Comment visiter Ajmer ?
Une immersion dans la spiritualité soufie
Visiter Ajmer offre avant tout une plongée profonde dans la spiritualité soufie à travers le Dargah Sharif, le sanctuaire du saint Khwaja Moinuddin Chishti. Ce lieu de pèlerinage majeur attire des centaines de milliers de fidèles de toutes confessions, créant une atmosphère de dévotion intense où se mêlent prières, offrandes florales et mélodies de qawwali. La visite exige une tenue vestimentaire modeste et le respect de protocoles stricts, comme le retrait des chaussures avant d’entrer dans l’enceinte sacrée. L’expérience est particulièrement forte en début de matinée ou au coucher du soleil, moments où la ferveur est palpable et où l’on peut assister aux rituels ancestraux.
La découverte d’un héritage historique
Au-delà du sanctuaire, Ajmer révèle un riche héritage historique matérialisé par des sites imposants comme le fort de Taragarh, l’un des plus anciens de l’Inde, qui domine la ville depuis ses hauteurs et offre un panorama exceptionnel sur les lacs et les collines environnantes. Le lac Ana Sagar, avec ses pavillons moghols édifiés sous le règne de Shah Jahan, témoigne de l’influence impériale sur la région. Ces monuments illustrent la confluence des cultures rajpoute et moghole qui a façonné l’identité unique de la ville au fil des siècles.
Le couplage naturel avec la sainte Pushkar
La situation géographique d’Ajmer en fait la porte d’accès incontournable vers Pushkar, ville sainte de l’hindouisme située à seulement quinze kilomètres. Il est ainsi aisé et fortement recommandé de combiner la visite des deux sites en une seule journée. Le contraste entre l’effervescence mystique d’Ajmer et l’ambiance sereine et sacrée de Pushkar, où se trouve le rare temple dédié au dieu Brahma, constitue l’un des points forts du voyage, offrant un aperçu unique de la diversité religieuse du Rajasthan.
Une expérience authentique et humaine
Contrairement aux cités royales très touristiques du Rajasthan, Ajmer permet une immersion dans la vie quotidienne et marchande d’une ville de pèlerinage. Le marché animé de la Dargah Bazaar, avec ses échoppes de fleurs, de tissus votifs et de cuisine de rue, est un spectacle vivant où l’on peut observer les traditions locales. Cette authenticité, loin des scénographies touristiques, rend la rencontre avec les habitants chaleureuse et spontanée, notamment en s’éloignant des sentiers battus pour explorer les ruelles de la vieille ville.
Ajmer, au pied du mausolée musulman
Lundi 1er mai. Qui n’est jamais allé en Inde ne peut pas ressentir vraiment ce que veut dire les mots « ferveur religieuse ». C’est ici vraiment que ces mots prennent tous leur sens. Ajmer, à quelques encâblures de Pushkar, fait partie de ces villes dans le monde entièrement tournées vers la religion.
C’est ici, à 120 km à l’ouest de Jaipur, que se dresse un bastion de l’Islam en terre rajpoute : Ajmer. Les pèlerins affluent toute l’année, et par milliers, pour voir le tombeau d’un saint musulman révéré au sein du Dargah, une cité religieuse dans la cité.
Bon autant le dire tout de suite, du Dargah, je n’en verrai jamais la couleur. Et cependant, je garde de mon séjour à Ajmer sans doute l’un de mes plus grands souvenirs, tant la ferveur des pèlerins est tout simplement incroyable dans cette ville bruyante et grouillante d’activités.
À peine mes valises déposées à mon hôtel (bien situé, mais Pushkar s’avère être un bien meilleur choix pour séjourner dans les environs), que je pars à la conquête du mausolée. Sonu me laisse à quelques centaines de mètres de l’entrée et je remonte à pied la distance qui me sépare de l’entrée de la cité religieuse.
Au bout de la longue avenue encombrée de marchands et de pèlerins, se dresse enfin la porte d’entrée du Dargah. Une monumentale porte colorée flanquée de deux minarets se dresse devant moi. Je tente de pénétrer à l’intérieur.
Interdiction d’y aller avec ses chaussures. Je les retire aussitôt, mais deux gardes armés me font comprendre que je ne peux pénétrer. L’un d’eux me fait signe d’aller vers ma gauche. Une autre entrée pour les non musulmans ? Pourquoi pas. Je me rechausse et je prends la direction indiquée.
Très vite, je me retrouve au milieu d’une cohue indescriptible. Les pèlerins sont là par milliers, chacun désirant acheter des couronnes de fleurs qu’ils comptent ensuite donner en offrandes à leur saint. Je n’ai jamais vu autant de monde de ma vie ! Ça grouille de partout, ça crie, ça hurle, ça chante, ça se bouscule, le tout dans une atmosphère exaltée et joyeuse.
Plus bas, des pèlerins remontent la rue, chargés de sacs énormes. Des tuk-tuks tentent de se frayer un passage à travers la foule pour emmener les enfants à l’école toute proche. Leurs uniformes bleu et blanc tranchent avec la foule bigarrée. J’adore. Je suis complètement scotché par cette ambiance surchauffée. Jamais je ne me sens en insécurité. Bien au contraire.
À force de marcher, j’arrive au bout de la rue sans avoir jamais trouvé l’entrée du mausolée. Peut-être ai-je mal compris ? Je décide de retourner en arrière et je fends de nouveau la foule des pèlerins amassés devant la grande porte du Dargah. Un garde me fait encore signe que je ne peux pas rentrer. Un autre veille à ce que chacun se déchausse.
Je ne me lasse pas du spectacle. Je demeure un moment devant la porte monumentale à observer la foule des pèlerins. Les couleurs se mélangent pour former un kaléidoscope insensé. Une jeune mère recouvre d’attention sa jeune fille qu’elle tient précieusement dans ses bras, enveloppée d’un sari rose. Vision sublime. Ici, tout est prétexte à photographie. Le spectacle est permanent. Chaque homme et chaque femme sont prétexte à sujet. Tout a un sens. Un grand tourbillon d’humanité.
Hommes, femmes, enfants, les pèlerins tourbillonnent comme dans une ruche. Les marchands de couronnes fleuries sont débordés, assaillis de toute part. Chacun veut pouvoir honorer son saint de sa présence.
Après une petite demi-heure de cet incroyable bain de foule, je décide de retourner en arrière. L’air se fait plus riche, la rue reprend ses droits.
À deux pas de là, dans un renfoncement de la rue, je retrouve Sonu qui pendant tout ce temps s’est tenu tranquillement à l’écart de la cohue. Son turban sikh ne fait pas bon ménage, je crois. Je ne le sens pas vraiment rassuré et j’imagine que dans ce pays, les rivalités religieuses demeurent exacerbées.
Toute cette effervescence m’a vidé… Avant de repartir vers de nouvelles aventures et la ferveur plus paisible des Hindous pour les Ghâts de Pushkar, petite sieste improvisée dans ma chambre d’hôtel. La belle vie.