Pourquoi visiter le le fort d’Amber à Jaipur ?
Visiter le fort d’Amber (Amber Palace) à Jaipur est une plongée dans le faste des maharajas rajputs, bien plus qu’une simple visite touristique. Perché sur une colline et surplombant un lac artificiel, ce complexe palatial du XVIe siècle, antérieur à Jaipur elle-même, incarne la puissance et le goût raffiné des souverains Kachhwaha.
Une architecture impressionnante
Son architecture impressionnante fusionne l’austérité défensive d’une forteresse (le fort) avec la délicatesse ornementale d’un palais. Construit en grès rouge et marbre blanc, il dévoile une succession de cours, de pavillons et de jardins où se mêlent influences hindoues et mogholes. Des éléments comme le Diwan-i-Khas (salle des audiences privées) aux colonnes finement sculptées, les appartements des femmes du zenana organisés autour d’un patio commun, ou le célèbre Sheesh Mahal (palais des miroirs), où une seule bougie pouvait illuminer toute la pièce grâce à des milliers de miroirs incrustés, illustrent un génie à la fois esthétique et technique.
L’ascension vers le fort
L’ascension vers le fort est une expérience en soi. La manière traditionnelle de s’y rendre est à dos d’éléphant, offrant une approche majestueuse qui rappelle celle des dignitaires d’autrefois. Arrivé au sommet, la vue panoramique sur la vallée et le lac Maota est spectaculaire, rappelant la valeur stratégique du site.
Une architecture sophistiquée
Le fort d’Amber raconte aussi l’histoire d’une cour sophistiquée. On y comprend le fonctionnement de la vie royale, entre affaires d’État, vie privée et arts. Le système de circulation d’eau intégré, les systèmes de ventilation naturelle et l’acoustique particulière de certains espaces témoignent d’une ingéniosité conçue pour le confort et l’agrément.
Un lieu chargé de rituels
Enfin, c’est un lieu chargé de rituels et de symboles. Le temple de la déesse Kali (Shila Devi) à l’entrée, avec ses portes d’argent massif, reste un lieu de culte actif, ajoutant une dimension spirituelle. Visiter Amber, c’est ressentir le poids de l’histoire dans une atmosphère à la fois martiale et poétique. C’est une étape indispensable pour qui veut saisir l’essence de la grandeur rajpute, avant que la capitale ne soit déplacée vers la “ville rose” plus bas dans la vallée.
Comment visiter le fort d’Amber à Jaipur ?
Accès et planification
Le fort d’Amber est situé à environ 11 km au nord du centre de Jaipur. Le moyen le plus simple pour s’y rendre est de négocier une voiture avec chauffeur pour la demi-journée, ou de prendre un auto-rickshaw depuis la ville. Il est ouvert tous les jours de 8 heures à 17h30, avec une dernière entrée vers 17 heures. Le site est immense, prévoyez au moins 2 à 3 heures pour une visite complète. Pour éviter la foule et la chaleur, arrivez à l’ouverture. Le billet d’entrée pour les étrangers est payant et distinct de celui du célèbre fort de Jaigarh, situé juste au-dessus.
L’ascension vers le fort : les options
La montée vers l’entrée principale se fait depuis le parking situé en contrebas. Vous avez trois choix principaux :
À pied : Une montée raide d’environ 10-15 minutes sur une rampe pavée.
En jeep (partagée ou privée) : Une option rapide et directe.
À dos d’éléphant : L’expérience traditionnelle, mais de plus en plus controversée pour le bien-être animal.
Déroulement de la visite :
Commencez par la grande cour principale (Jaleb Chowk), où se tenaient les parades militaires. Pénétrez ensuite dans le palais par l’escalier monumental menant au Diwan-i-Am (salle des audiences publiques). Explorez les appartements privés (Zenana), leSheesh Mahal(palais des miroirs) où une bougie illuminait toute la pièce, et le Sukh Niwas (salle du plaisir) climatisée par un système ingénieux d’eau courante. Les jardins et les terrasses offrent des vues à couper le souffle sur le lac Maota et les remparts.
Conseils pratiques :
Emportez de l’eau et une protection solaire. Pour la photographie, la lumière du matin est idéale. Un guide officiel peut enrichir la visite en expliquant l’histoire et les anecdotes architecturales.
À ne pas manquer à proximité
Fort de Jaigarh : la forteresse de défense surplombant Amber, reliée par un passage secret. Elle abrite le plus grand canon sur roues au monde.
Temple de Kali (Shila Devi) : situé à l’entrée du fort, son sanctuaire aux portes d’argent est un lieu de culte actif.
Amber palace, la résidence des maharajas Rajput
Dimanche 30 avril. On sort maintenant de la ville. À cette heure encore très matinale, ce n’est pas encore la cohue de toutes les grandes villes indiennes. Le trafic est encore supportable et une petite demi-heure plus tard, nous voilà sur la rive opposée à l’Amber Palace, l’ancienne capitale-forteresse d’Amber.
À mesure qu’on s’y approche, le ballet incessant des éléphants ne cesse de croître. Ce sont eux que les touristes chevauchent pour se rendre jusqu’aux portes de la citadelle. Pour moi, pas question. Avec mes voyages (souvenirs du Sri Lanka notamment), j’ai appris comment sont traités les éléphants par leurs maîtres… Les épaisses chaînes qui leur entravent les pattes et qui les maintiennent prisonniers à des arbres. Les balades à dos d’éléphant, plus jamais.
Nous voici donc sur la rive opposée à l’Amber Palace. Impossible de ne pas s’arrêter pour prendre une photo. Sonu s’exécute de bonne grâce. La citadelle se reflète dans les maigres eaux du fleuve. Dommage, je n’ai pas pensé à dégoupiller mon 50 mm pour réaliser des clichés plus intenses.
Depuis la rive, on comprend tout de suite l’importance du site. À 11 km au nord-est de Jaipur, Amber fut pendant des siècles la capitale des maharajas de Jaipur. La citadelle fut toutefois entièrement remaniée au XVIe siècle par Man Singh I. Elle commandait alors une gorge étroite et stratégique sur la route de Delhi.
Amarré sur son piton rocheux, l’Amber palace est entouré d’une série de remparts longs de 9 km. Plus haut encore, on peut apercevoir une réplique de la citadelle. C’est un deuxième fort, Jaigarth, qui devait servir d’ultime refuge au maharaja en cas de prise de la citadelle.
La route qui traverse le village s’arrête par un temple et son puits. Certes moins profond que Abhaneri Baori, mais suffisamment pour permettre aux habitants de s’alimenter en haut dans cette région semi-désertique.
Sur l’une des terrasses du temple, une bergère et son troupeau ont décidé de faire une halte. Pas beaucoup d’herbe à brouter pour les chèvres !
Après cette courte pause, la bergère rassemble son troupeau à coups de baguette et en criant sur les chèvres.
Au passage, elle me fera comprendre que j’arrête de la prendre en photo. Du coup, Sonu, resté en retrait mais témoin de la scène, en sera quitte d’une franche rigolade.
Bon allez, quelques derniers petits clichés et je remonte à bord de la voiture. Direction l’entrée de l’Amber Palace.
Me voici donc au sommet de la citadelle. On pénètre dans la forteresse par la porte du Solei, la Suraj Pol, tournée vers le levant, qui offre une vue saisissante sur l’ensemble de la vallée désertique et le village en contrebas.
C’est ici que se dresse la place basse, autrement appelée Jaleb Chowk. Autrefois, cette place accueillait la parade de la garde personnelle du maharaja. C’est ici que l’on achète maintenant les billets d’entrée. C’est un peu l’anarchie, mais en cherchant bien, on finit par trouver. À droite, un immense escalier mène au temple de Sila Devi, avatar de Kali, la déesse représentant le pouvoir destructeur du Temps… Oui, oui, la même que vénèrent les fanatiques dans le deuxième opus d’Indiana Jones ! Pour y pénétrer, il faut ainsi franchir les immenses portes en argent encadré de marbre sculpté où sont incrustées des figures du dieu Ganesh… La tête d’éléphant. Trop de monde à mon goût. Je verrai ça tout à l’heure, au retour.
Du coup, je préfère laisser mon regard errer sur l’horizon semi-désertique qui entoure la citadelle… Et surtout lorgner sur la place basse depuis les portes du temple.
Un grand escalier mène à la première cour. C’est ici que se dresse le Diwan-i-am, autrement dit le hall des audiences publiques… À force, je commence à m’y faire !
Pour remonter le temps, il faut s’imaginer les couleurs des drapés, des tapis, des piliers en grès rouge et tout le faste qui accompagnait l’arrivée du maharaja, lequel trônait au milieu de l’édifice sur un fauteuil en argent.
Pas de maharaja aujourd’hui, mais deux balayeuses en chef qui tentent de me soutirer quelques roupies en échange d’une jolie photo.
Sous la forêt d’arcades du bâtiment, on peut encore admirer les colonnes de marbre blanc de l’intérieur, surmontées de chapiteaux en forme de têtes d’éléphants.
Pas question de me précipiter. Je prends tout mon temps pour m’imprégner de cette atmosphère unique qui règne sous cette forêt de colonnes de grès et de marbre où circulent avec majesté des indiennes en saris colorés.
Au fond de la cour, une immense porte massive est recouverte de motifs floraux… et de figuration du dieu Ganesh à tête d’éléphant. Forcément, il s’agit de la Ganesh Pol qui donne accès aux appartements privés du palais.
Tous ces motifs floraux m’inspirent pour réaliser quelques jolis clichés au 50 mm.
Avant de pénétrer dans la grande cour du maharaja, je lève encore la tête vers le sommet de la Ganesh Pol. Il faut imaginer toutes les femmes du harem qui se précipitaient là pour jeter des fleurs au maharaja quand il rentrait à la maison.
Passé la porte du dieu Ganesh, me voici devant le jardin des femmes, Zevana Bagh. En un mot : fantastique ! Du coup, pour la première fois depuis le début de mon voyage, j’ai enfin une idée précise de ce que devaient être les jardins à la persane. Un vrai bonheur.
Inspiré par la tradition moghole, ce jardin était le lieu où reines et servantes se côtoyaient… Pour le plus grand bonheur du maharaja. Il faut imaginer la scène de toutes ces reines de beauté se promenant au milieu des massifs.
En observant bien, on peut distinguer au centre du jardin une jolie fontaine où les femmes aimaient à se rafraîchir. À droite, la chambre de la Mousson (Suck Niwas) possédait un étonnant système de refroidissement de l’air : de l’eau parfumée à la rose s’écoulait à travers les murs en marbre. Elle tombait délicatement sur des bouteilles en reproduisant le son des tambours et s’écoulait vers le jardin, avec un bruit de sitar, pour alimenter la fontaine… Tout simplement incroyable.
Depuis la chambre des moussons, par trop forte chaleur, les femmes pouvaient ainsi se rafraîchir tout en profitant de la jolie vue sur les jardins.
Mais le véritable clou de la visite de l’Amber Palace reste le Jai Mandir, tapissé de verre, qui abritait le Diwan-i-Khas, le hall des audiences privées.
Son plafond magnifiquement ouvragé est une vraie tuerie. Il faut imaginer autrefois les lampes à huile qui y étaient accrochées, reflétant ainsi la foule pressée sous ses arcades.
Sous les arcades justement, dans la longueur du bâtiment, une succession d’arches aux stucs peints, ouvragés de motifs floraux, et recouverts de miroirs. Un style emprunté aux Moghols et aux Perses.
Partout sur les murs, une succession de miroirs peints ou cachés dans lesquels se reflète la foule. D’une beauté inouïe.
Aujourd’hui encore, les Indiennes aiment à se faire prendre en photo dans le reflet de ces jeux de miroirs.
S’il faut regarder en haut et sur les côtés, il ne faut pas non plus oublier de baisser les yeux pour admirer les extraordinaires motifs floraux qui ornent chacun des piliers de l’édifice. Des fleurs magiques au-dessus desquelles volettent des papillons. Sans oublier les lotus, les cobras, les queues de lions et de poissons, les scorpions et les épis de maïs.
Direction maintenant le Man Singh Palace, le palais le plus ancien de la forteresse, construit en 1599… Mais comment y accéder ? Un des policiers présents sur le site me tire par la manche et me montre le chemin : au fond du jardin des femmes, un couloir zigzague à travers la citadelle pour tromper l’ennemi ! Un vrai labyrinthe.
Au bout du couloir, je débouche enfin au milieu de la plus ancienne cour du palais. Ses portes datent de plus de 400 ans.
Au centre de la cour se dresse un élégant pavillon à colonnes où quelques grappes d’Indiens s’abritent du soleil. Celui-ci était jadis tendu de draperies et accueillait les conciliabules des douze favorites du maharaja ! Trois reines en titre, trois reines de cœur, trois reines du milieu et trois petites reines… Sans compter les quelque 300 concubines du maharaja qui vivaient, elles, à l’extérieur du palais !
Autour de la cour s’articulaient les appartements privés des favorites du maharaja. Et une fois encore, un vrai labyrinthe !
Pour accéder au Jasha Mandir, le hall de la Gloire, il faut monter à l’étage et circuler dans la galerie supérieure de la cour. Là, on a encore une belle vue sur la place et un splendide panorama sur toute la vallée semi-désertique.
Les plafonds sont recouverts de marqueterie, de miroirs et de feuilles d’or.
On a également une belle vue de l’autre côté sur le jardin des femmes.
Mais le clou du Jash Mandir reste ses sublimes fresques représentant dieux et déesses hindoues. Scènes d’une désarmante naïveté. Magique.
Quel grand moment que cette visite de l’Amber Palace. Véritablement un des plus beaux bijoux de l’Inde avec le Taj Mahal. En sortant, mon regard n’en finit plus d’accrocher les arêtes du village médiéval surgi de la vallée désertique.