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Baby Taj Mahal, le mausolée d’Itimad-ud-Daulah

Pourquoi visiter le Baby Taj Mahal ?

Visiter le “Baby Taj Mahal”, nom donné au tombeau d’Itimâd-ud-Daulâ, est une expérience intime. S’il ne rivalise pas par la taille ou la renommée, ce mausolée offre une clé de compréhension essentielle de l’évolution de l’architecture moghole.

Un “joyau dans un écrin”

Souvent présenté comme un “joyau dans un écrin”, ce tombeau, érigé entre 1622 et 1628, est considéré comme le précurseur architectural direct du Taj Mahal. C’est ici que pour la première fois, les architectes moghols ont osé abandonner presque entièrement le grès rouge pour privilégier le marbre blanc immaculé, une révolution esthétique qui allait définir l’âge d’or de l’empire. De même, la technique de la pietra dura – l’incrustation de pierres semi-précieuses (jaspe, cornaline, lapis-lazuli) dans le marbre pour former des motifs floraux et géométriques d’une finesse exquise – y fut utilisée à une échelle inédite, annonçant le raffinement extrême du Taj Mahal.

Une atmosphère intime

L’atmosphère qui y règne est radicalement différente de la foule du Taj Mahal. L’enceinte est plus petite, le jardin plus intime, et le calme y est souvent roi. Cette sérénité permet de vraiment observer les détails : les jalis (écrans de marbre finement sculptés à jour) qui filtrent la lumière, la symétrie parfaite de l’édifice et la délicatesse infinie de chaque incrustation. On y ressent moins la puissance impériale écrasante que la dévotion filiale, puisque ce monument fut commandé par Nûr Jahân, l’impératrice la plus puissante de l’empire, en l’honneur de son père, qui était aussi le grand vizir.

Un témoin de l’histoire

Enfin, le “Baby Taj” raconte une autre histoire, celle du rôle déterminant des femmes à la cour moghole. Nûr Jahân n’était pas une souveraine ordinaire ; elle était la véritable co-souveraine de l’empire aux côtés de son mari, l’empereur Jahângîr. Visiter ce tombeau, c’est découvrir le pouvoir, le goût et l’influence de cette figure fascinante, dont l’ombre portée a directement influencé le projet du Taj Mahal, construit par son beau-fils, Shâh Jahân.

Une visite essentielle

En résumé, visiter le tombeau d’Itimâd-ud-Daulâ, c’est obtenir la clé qui permet de déchiffrer le Taj Mahal. C’est comprendre la genèse d’un style, apprécier un raffinement peut-être encore plus concentré, et découvrir une histoire familiale et politique complexe, le tout dans une atmosphère de quiétude qui permet une contemplation bien plus paisible. 

Comment visiter le Baby Taj Mahal ?

Accès et planification

Le Baby Taj Mahal est situé à Agra, sur la rive est de la rivière Yamuna, à environ 4 kilomètres du Taj Mahal. Le moyen le plus simple pour s’y rendre est de prendre un auto-rickshaw ou un taxi depuis n’importe quel point d’Agra. Le site est ouvert du lever au coucher du soleil, généralement de 6h00 à 18h00. Les billets d’entrée sont payants, mais beaucoup moins chers que ceux du Taj Mahal. Pour une expérience optimale, visitez le site tôt le matin pour profiter de la lumière douce et éviter la chaleur, ou en fin d’après-midi pour une ambiance plus tranquille.

Déroulement de la visite

La visite commence par l’entrée dans l’enceinte du jardin, organisé selon le style persan “charbagh”, avec des allées et des canaux d’eau divisant l’espace en quatre parties. Prenez le temps de vous approcher du mausolée principal, construit en marbre blanc et semblant presque translucide sous la lumière. Contournez-le pour admirer sa symétrie parfaite depuis tous les angles. À l’intérieur, observez les cénotaphes finement incrustés de pierres semi-précieuses et les délicats écrans de marbre ajouré qui filtrent la lumière. Les détails des murs, couverts de motifs floraux et géométriques en pietra dura, méritent une attention particulière.

Points d’intérêt à ne pas manquer

Outre le mausolée central, explorez les pavillons secondaires et les portes d’entrée en grès rouge, qui contrastent magnifiquement avec le marbre blanc. Ces structures montrent la transition architecturale entre le style en grès rouge des premiers monuments moghols et l’âge du marbre blanc. Depuis les terrasses du jardin, vous pourrez également apercevoir le Taj Mahal au loin, ce qui permet de comprendre les similitudes et les évolutions entre les deux monuments.

Conseils pratiques :

Prévoyez environ une heure à une heure trente pour une visite complète. Portez des chaussures confortables pour marcher dans le jardin. Pour les photographes, la lumière rasante du matin ou de la fin de journée est idéale pour capturer la blancheur du marbre et les détails des incrustations. Bien que moins fréquenté que le Taj Mahal, le site attire des groupes ; une visite en milieu de semaine vous assurera plus de calme. Enfin, combinez cette visite avec celle du fort d’Agra ou du Taj Mahal pour une journée complète dédiée à l’architecture moghole.

Baby Taj Mahal, le mausolée d'Itimad-ud-Daulah

Vendredi 28 avril. Après cette belle escapade au cœur du palais des empereurs moghols, Sonu me propose d’aller jeter un œil sur le Baby Taj Mahal, qui n’est autre que le mausolée d’Itimad-ud-Daulah. Et je ne vais pas le regretter, je vais vivre là la plus belle expérience photographique de mon séjour.

Pour accéder au Baby Taj Mahal, il faut pénétrer par l’une des quatre portes monumentales qui en gardent l’accès. Une à chaque point cardinal, comme ça, pas de jaloux !

Quel bonheur de se promener sur ce site délaissé par la plupart des touristes. Grosse erreur car ce fameux Baby Taj Mahal est bel et bien un précurseur de son grand frère, puisque premier grand bâtiment moghol bâti exclusivement en marbre blanc.

Pour visiter le monument, il faut préalablement se déchausser. C’est ce que me rappelle le préposé aux chaussures qui me gardera mes baskets moyennant une petite pièce. Une fois à l’intérieur, on est tout de suite frappé par la symétrie répétée des lieux puisque chaque entrée du mausolée donne sur chaque porte qui encadre le jardin moghol. Bien pensé.

À l’intérieur, l’esprit artistique de Nur Jahan, l’épouse persane de l’empereur Jahangir qui commanda l’édifice pour abriter son père, fait feu de tout bois. Poétesse, aussi belle qu’intelligente, cette femme hors du commun a laissé son empreinte dans la délicatesse des formes et des ornementations en marbre polychrome représentant cyprès, coupes de vin et arabesques.

Les claires-voies de marbre qui tamise la lumière du jour s’harmonisent délicatement avec les vestiges de peintures et d’incrustations de pierres semi-précieuses.

Le plafond à alvéoles décoré de dorures est une pure folie. Une vraie merveille.

L’ensemble dessine une véritable dentelle aux motifs géométriques qui s’enserrent dans des volutes de fleurs. J’adore.

Après cet émerveillement, je file directement pour profiter à plein des jardins persans. Toujours un vrai régal. Mais avant ça, impossible de résister d’admirer encore une autre fois le mausolée bâti autour de 1622.

La bonne lumière. Le rêve absolu de tout photographe. Un petit miracle sans cesse renouvelé… ou pas ! C’est pourtant ce petit miracle qui se produit alors que je sors des entrailles du Baby Taj Mahal. Au loin, en direction du soleil et de la rivière Yamuna, le ciel s’obscurcit soudain et vient filtrer un épais nuage de poussière. Comme un manteau de sable surgi d’un désert proche. Étonnant.

En un instant, le ciel prend plusieurs teintes différentes, passant tour à tour du gris profond à l’orangé. Autour des monuments et des arbres du jardin persan, des halos de lumière se forment.

Ce ciel changeant, imprévisible, à la fois lumineux et ténébreux rehausse les perspectives. Les lignes des anciens canaux qui alimentaient en eau les jardins prennent une autre dimension.

La lumière devient incroyable, comme si le soleil surgissait des entrailles de la terre pour illuminer une tempête de sable. Le vent forcit, les branches des arbres ploient. C’est tout simplement magique.

Près de moi, des familles indiennes vont et viennent à travers les allées comme si de rien n’était, insensibles à l’étrange lumière qui envahit le ciel. Ça n’en donne que plus de force à mes photos. Quelle chance, j’ai. Vraiment.

Face à la porte qui donne sur la rivière Yamuna, je reste planté à guetter les allées et venues des familles. Je reste ébloui par ce spectacle.

Passé cet étourdissement, je file jusqu’à la porte profiter des éclats du soleil et de ses reflets multicolores qui viennent glisser sur la surface de la rivière Yamuna. Le soleil se couche doucement dans un grand flamboiement. Quel spectacle !

Je ne me lasse pas de la vision de ce mausolée aux dimensions parfaites. Il suffit de me retourner, pour apercevoir au loin dans la lumière rasante de cette fin de journée sa façade blanche flamboyer de mille feux.

La rigole du canal mène au pied du mausolée. Des familles passent encore. Les saris étincellent de couleurs chaudes. Quelle merveille.

Ce ciel lumineux et ténébreux vaut bien une petite photo-souvenir. Un grand merci à mes amis australiens du jour !

Le bâtiment funéraire, de 23 m de côté, est agrémenté à chaque coin de tours-belvédères hexagonales de 13 m de haut, coiffées de chhatris et faisant symboliquement office de minarets. On y accède par quatre volées de marche, ornées en leur milieu d’un plan incliné en écailles de poisson qui rappelle les cascades qui alimentaient en eau les canaux creusés dans les chaussées.

Tous les murs en briques sont recouverts de marbre blanc du Rajasthan (cette couleur symbolisant la pureté de l’âme était réservée jusqu’alors aux tombeaux des saints) incrustés d’une marqueterie de pierres semi-précieuses et figurant des cyprès, des aiguières ou des décors plus élaborés comme des coupes de fruits ou des vases contenant des bouquets.

Difficile de quitter ces lieux tellement il règne ici une grande sensation de paix et d’harmonie. La lumière du couchant vient faire flamboyer les murs de marbre.

Au milieu de chaque côté du mur d’enceinte se dresse sur les points cardinaux un pavillon monumental de grès rouge incrusté de marbre blanc (motifs fleuris, flacons rappelant l’ivresse du nectar du paradis), leur disposition symétrique reprenant celle traditionnelle des mosquées persanes avec leur cour à quatre iwans.

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