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Fatehpur Sikri, l’ancienne capitale de l’empereur Akbar

Pourquoi visiter Fatehpur Sikri ?

Visiter Fatehpur Sikri, la “Cité de la Victoire”, c’est explorer une capitale impériale moghole figée dans le temps, une ville fantôme qui fut l’ambition démesurée de l’empereur Akbar et le témoin de son règne visionnaire. Fondée en 1569 et abandonnée quinze ans plus tard, selon la légende par manque d’eau, elle offre un état de conservation exceptionnel qui permet de comprendre la vie de cour au XVIe siècle comme nulle part ailleurs en Inde.

Un chef-d’œuvre d’architecture

Ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est un chef-d’œuvre d’architecture qui synthétise les influences hindoues, persanes et islamiques, reflétant la philosophie universaliste d’Akbar. Le complexe palatial révèle cette quête d’harmonie à travers des bâtiments aux fonctions précises et au symbolisme fort. Le Panch Mahal, un pavillon à cinq étages dont la structure s’allège progressivement jusqu’à n’être qu’un kiosque ouvert aux vents, servait de harem et d’espace de détente avec une ventilation naturelle ingénieuse. La Diwan-i-Khas, ou salle des audiences privées, abrite en son centre un pilier central sculpté dont partent quatre passerelles, représentant la manière dont Akbar, assis au sommet, gouvernait en s’appuyant sur les quatre religions principales de son empire.

Une dimension spirituelle

La dimension spirituelle de Fatehpur Sikri est tout aussi captivante. La ville fut édifiée pour honorer le saint soufi Salim Chishti, dont la tombe en marbre blanc finement sculpté se trouve dans la cour de la Jama Masjid, l’une des plus grandes mosquées d’Inde. Ce mausolée est un lieu de pèlerinage réputé pour exaucer les vœux, notamment ceux liés à la fertilité, et son atmosphère de dévotion paisible contraste avec la grandeur du palais déserté. La Buland Darwaza, la “Porte de la Magnificence” haute de 54 mètres, commémore une campagne militaire victorieuse et domine l’horizon ; la franchir est une expérience en soi, offrant une vue imprenable sur la plaine.

Une atmosphère unique

Enfin, visiter Fatehpur Sikri, c’est ressentir une mélancolie particulière. Se promener dans ses cours silencieuses, ses salles vides et ses jardins, c’est imaginer la splendeur et l’animation qui y régnaient brièvement avant que la cour ne reparte pour Lahore. Cette cité parfaite, abandonnée pour des raisons pragmatiques, reste le testament de la vision la plus ambitieuse et la plus tolérante de l’empire moghol. Elle complète parfaitement la visite d’Agra, offrant une perspective plus politique et intellectuelle pour contrebalancer la romance tragique du Taj Mahal.

Comment visiter Fatehpur Sikri ?

Accès et planification

Fatehpur Sikri est située à environ 40 km à l’ouest d’Agra. Le moyen le plus simple pour s’y rendre est de négocier une voiture avec chauffeur depuis Agra pour une demi-journée, ce qui permet une grande flexibilité. On peut également prendre un bus depuis la gare routière d’Agra, ou un train jusqu’à la gare de Fatehpur Sikri, suivie d’un court trajet en rickshaw. Le site est ouvert du lever au coucher du soleil. Il est fortement conseillé d’arriver tôt le matin pour éviter la chaleur et les groupes de touristes. Prévoyez au moins 3 à 4 heures pour une visite complète.

Déroulement de la visite

La visite se divise en deux parties principales : le complexe palatial et la zone religieuse. Commencez par le palais, en entrant par la porte monumentale. Explorez les cours et les édifices remarquablement préservés, comme le Diwan-i-Khas (salle des audiences privées) avec son pilier central symbolique, le Panch Mahal, élégante structure à cinq étages, et la maison de la sultane turque, ornée de sculptures délicates. Ensuite, dirigez-vous vers la Jama Masjid, l’une des plus grandes mosquées de l’Inde. Dans sa cour se trouve le tombeau de marbre blanc du saint soufi Salim Chishti, un lieu de pèlerinage important.

Conseils pratiques :

Portez des chaussures confortables, la visite implique beaucoup de marche sur des surfaces inégales. Une tenue vestimentaire respectueuse est requise pour entrer dans la mosquée ; les épaules et les genoux doivent être couverts. Prévoyez de l’eau et une protection solaire, l’ombre étant limitée. Sur place, des guides officiels proposent leurs services à l’entrée ; ils peuvent grandement enrichir la visite en expliquant l’histoire et la symbolique des lieux. Méfiez-vous des faux guides et des vendeurs insistants. La visite de Fatehpur Sikri se combine parfaitement avec celle du Taj Mahal et du Fort d’Agra pour une journée complète dédiée à l’ère moghole.

Fatehpur Sikri, l'ancienne capitale de l'empereur Akbar

Samedi 29 avril. Après la visite du Taj Mahal, difficile de reprendre ses esprits. Quel bonheur en tout cas de m’être levé si tôt et d’avoir pris tout mon temps pour échapper à la cohue du tourisme de masse. Je ne suis pas prêt d’oublier ce moment. C’est le cœur un peu lourd que je quitte mon hôtel à Agra, le temps de rendre les clés, et me voici de nouveau dans la voiture.
Une longue route m’attend pour aller jusqu’à Jaipur. En chemin, arrêts obligatoires sur quelques-unes des merveilles architecturales de l’Inde.
À deux heures de là en descendant vers le sud-ouest, impossible de ne pas s’arrêter à Fatehpur Sikri, l’ancienne capitale de l’empereur Abkar qu’il fit bâtir en 1572 pour y installer sa cour. Au centre de la première cour se dresse le Diwan-I-Am, la salle des audiences publiques. C’est ici que les pétitions étaient présentées, les ambassades reçues et la justice rendue. La loge royale était entourée d’écrans ajourés. À l’angle du bâtiment, on peut distinguer de grands anneaux. C’est ici qu’on suspendait de grandes toiles pour que les sujets du roi restés sur la pelouse restent protégés du soleil.

Fatehpur Sikri tient plus d’une citadelle comme le fort rouge d’Agra que d’une vraie capitale… Il n’y a pas grand-chose autour, ni la Yamuna ni encore moins le Taj Mahal. Comme pour le Red Fort, le grès rouge est encore roi ici. Et le mélange des inspirations est assez visible : hindou, musulman, chrétien… Comme cette incroyable charpente de pierre qui mélange tous les styles. Celle-ci fait partie du Diwan-I-Khas, la salle des audiences privées.
Cette colonne incroyable rassemble tous les arts : moghol, hindou, persan, turc, et bouddhique. Ce pilier supporte l’emplacement où l’empereur siégeait. Ses trois conseillers se plaçaient sur le balcon circulaire attenant d’où rayonnaient quatre passerelles. Ici, Abkar s’entretenait des sujets religieux, notamment avec les pères jésuites de Goa, plus au sud.

Grosso modo, la citadelle se divise en deux grosses parties : les salles royales et les appartements privés d’Abkar, et à l’arrière, le harem, les palais des femmes d’Abkar. Pour commencer, on pénètre par la gigantesque place royale, la cour du Pachhisi au centre de laquelle se dressait un trône très simple un peu perdu au milieu d’un immense pavement aménagé comme un échiquier géant dont les pions… étaient des personnages vivants. Les femmes nues du harem se déplaçaient ainsi au gré des envies et du fantasme du souverain !

Pour bien comprendre l’histoire de cette citadelle, il faut absolument dépasser le Diwan-i-Khas et se pencher au-dessus des remparts. Partout s’étendent des terres asséchées. Et ça ne date pas d’hier. En fait, Fatehpur Sikri ne fut occupée que pendant quinze ans… La nappe phréatique ne suffisait plus à subvenir aux besoins en eau de la population qui ne cessait de croître.
Plusieurs années de sécheresse eurent raison des réservoirs en eau et du lac artificiel créé par l’empereur. Fatehpur Sikri, Angkor, les grandes cités mayas… Toujours la même histoire ! Le problème de l’eau. Du coup, les 10 km de remparts semblent aujourd’hui enserrer une ville fantôme où de nombreuses habitations sont en ruine. Seuls les palais et la mosquée ont su résister aux altérations du temps.

À l’extrémité de la grande place, impossible de ne pas être subjugué par cet incroyable bassin rectangulaire. L’Anup Talao. C’est ici que l’empereur se divertissait en écoutant les chants des ménestrels qui se produisaient au centre du bassin. À certaines occasions, on dit que l’empereur remplissait le bassin de pièces d’or et d’argent pour venir en aide aux plus déshérités.

Autour du bassin se dressait le pavillon de la sultane turque qui servait de chambre à une des nombreuses femmes d’Abkar : la musulmane. La deuxième était hindoue et la troisième chrétienne. Les autres… Oiseaux, bêtes sauvages, fleurs et feuillages témoignent encore des multiples influences des bas-reliefs sculptés.

À l’extrémité sud du bassin, se dressaient les appartements privés d’Abkar. Rudimentaires ! Une étrange plateforme surélevée attire l’attention… Il s’agit de son lit où se hissait chaque soir l’empereur ! C’est ici qu’il conservait tous ses manuscrits précieux… Plus de 50.000 ouvrages ! Pas mal pour un homme qu’on disait illettré.

Pour découvrir les arcanes de l’empereur Abkar, il faut passer de l’autre côté des appartements privés du roi moghol. C’est ici que se nichait la vie intime du souverain. Là où se dressait l’immense harem de l’empereur où les femmes pouvaient à leur guise profiter des jardins persans.

Passé la porte qui sépare les deux grandes cours du palais, nous voici donc dans l’intimité de l’empereur Abkar… La porte de grès rouge, ornée de deux coupoles et de balcons était sans doute censée impressionner et marquer la puissance du souverain.

Une grande cour s’ouvre à moi. Autour d’elle s’articulent les palais des femmes : le harem bien sûr, mais aussi le palais de la femme chrétienne d’Abkar et le palais de Jodh Bai qui abritait la femme hindoue d’Abkar et sa mère.

Le palais de Jodh Bai reste un des plus grands ensembles de la forteresse. Les principaux édifices constituaient les résidences d’été et d’hiver de la femme hindoue d’Abkar. Ils étaient alors surmontés de toits bleus… et protégés par une armée de Rajpoutes et d’eunuques. De là à penser qu’elle était la favorite de l’empereur. Toujours est-il que celui-ci pouvait s’y rendre directement en empruntant viaduc relié au Diwan-Khana-i-Khas.

Dans le prolongement, le palais de la femme chrétienne d’Abkar, Sunahra Makan, d’origine portugaise, était plus simple, sans fioritures et rappelant une croix chrétienne. Dans la chambre, des peintures sont encore visibles, une fresque représente une femme jouant de la flûte.

Voilà pour Fatehpur Sikri, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, mais que je trouve moins intéressant que le fort rouge d’Agra.

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