Italie du Nord
Un road-trip au sud des Alpes
Table des matières
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Visiter Suse (Susa) en Italie, c’est découvrir un joyau historique niché au cœur des Alpes, une ville où l’histoire romaine et médiévale s’entremêlent magnifiquement. Suse est souvent appelée la “clé de l’Italie” en raison de sa position stratégique dans la Vallée de Suse, un passage clé à travers les Alpes. Fondée par le peuple celto-ligure des Cottiens, elle est devenue une cité romaine majeure, comme en témoignent ses monuments exceptionnels. A voir d’abord pour l‘Arc d’Auguste (Arco di Augusto). Erigé en 8 av. J.-C., cet arc symbolise l’alliance entre l’empereur Auguste et le roi local Cottius. A ne pas manquer non plus, l’amphithéâtre romain. Adossé à la cathédrale, ses vestiges sont bien visibles et donnent une idée claire de la structure originale. Un lieu où l’on peut presque sentir l’ambiance des jeux antiques. Sans oublier la cathédrale San Giusto. Fondée en 1029, c’est un superbe exemple d’architecture romane. Elle est bâtie sur les fondations d’un ancien forum romain et abrite des trésors artistiques.
L’abbaye bénédictine de la Sacra di San Michele est un site exceptionnel, autant pour son cadre spectaculaire et son histoire que pour son atmosphère spirituelle unique. Cette abbaye spectaculaire est juchée sur le mont Pirchiriano. Fondée entre 983 et 987, cette église est un ancien site romain et lombard. Elle représentait un centre culturel et spirituel majeur pour les pèlerins qui empruntaient la Via Francigena. A voir pour son architecture romane et gothique, son escalier des Morts (243 marches), sa porte du Zodiaque, sa tour de la Belle Alda et sa légende. Le site aurait inspiré Umberto Eco pour son roman Le Nom de la rose. Ce lieu de culte est dédié à l’archange Michel. Il fait partie d’une ligne sacrée reliant sept sanctuaires dédiés à Saint-Michel à travers l’Europe. Pour vous rendre à l’abbaye depuis Turin, vous pouvez utiliser le train. La liaison ferroviaire vous conduira jusqu’aux gares de Sant’Ambrogio ou de Chiusa di San Michele. Une marche ou une navette bus vous mènera au site.
Turin offre une expérience urbaine singulière où l’élégance baroque et l’héritage industriel dialoguent avec une scène culturelle contemporaine. Son centre historique déploie 18 kilomètres d’arcades abritant des cafés historiques comme l’Al Bicerin où fut inventé le célèbre mélange homonyme de café, chocolat et crème. La ville révèle un patrimoine complexe : ancienne capitale des ducs de Savoie puis premier royaume d’Italie, elle conserve le Palazzo Reale et le Palazzo Madama qui racontent l’évolution stylistique du baroque au néoclassicisme. Le Museo Egizio se classe comme le second musée égyptien mondial après celui du Caire, avec des pièces majeures comme la statue de Ramsès II et le tombeau de Kha. La spiritualité s’y exprime à travers le Suaire conservé dans la cathédrale et les églises de la Contre-Réforme comme San Lorenzo. La gastronomie puise dans les traditions piémontaises avec ses agnolotti del plin, le vitello tonnato et les gianduiotti inventés durant le blocus napoléonien.
Le Santuario di Vicoforte, situé près de Mondovi dans le Piémont, se distingue par sa coupole elliptique unique au monde, plus grande que celle de la basilique Saint-Pierre de Rome. Construit à partir de 1596 pour abriter un sanctuaire marial, son architecture mêle le style baroque piémontais et le néoclassicisme. La basilique fut achevée au XVIIIe siècle sous la direction de l’architecte Francesco Gallo, après l’effondrement initial de la coupole. La visite révèle des fresques monumentales réalisées par des artistes de l’école piémontaise, dont le peintre baroque Sebastiano Ricci. L’intérieur présente un cycle pictural complet retraçant l’histoire du christianisme, avec une attention particulière aux scènes mariales. Les quatre pendentifs de la coupole illustrent les vertus théologales par des figures allégoriques grandeur nature. Le sanctuaire conserve une statue de la Vierge allaitant l’Enfant, objet de dévotion depuis le Moyen Âge. Le complexe inclut un monastère cistercien adjacent et un parc de 3 hectares.
Gênes mérite la visite pour son double visage de port historique et de laboratoire urbain. Son centre-ville médiéval, l’un des plus étendus d’Europe, dévoile un dédale de ruelles (caruggi) où se cachent des palais aristocratiques des XVIe et XVIIe siècles, classés au patrimoine mondial. Les Strade Nuove, avec le Palazzo Rosso et le Palazzo Bianco, révèlent comment la République marchande génoise affichait sa puissance à travers l’architecture. La ville-port transforme son front de mer depuis les années 1990, avec le Porto Antico réaménagé par Renzo Piano, comprenant l’Aquarium le plus grand d’Italie et le Biosphère, serre tropicale suspendue sur l’eau. Cette reconversion industrielle réussie dialogue avec la tradition maritime séculaire, visible dans le port antique encore actif. Gênes cultive ses contrastes : entre les docks modernisés et le vieux port aux grues historiques, entre les palais baroques et les maisons-tours médiévales, entre la Via Garibaldi aristocratique et les ruelles populaires du centre.
Visiter Pise dépasse largement l’observation de sa tour penchée. La ville toscane révèle une histoire médiévale florissante où la république maritime rivalisait avec Gênes et Venise. La célèbre tour campanaire (56 mètres) n’est que l’un des éléments de la Piazza dei Miracoli, classée à l’UNESCO, qui comprend également le Duomo romanique aux portes en bronze de Bonanno Pisano, le Baptistère doté d’une acoustique exceptionnelle et le Camposanto Monumental abritant des fresques du XIVe siècle. Le long de l’Arno, les palais aristocratiques aux façades ocre témoignent de la richesse passée, comme le Palazzo della Carovana dessiné par Vasari. L’église Santa Maria della Spina, joyau gothique en marbre, illustre le savoir-faire des artisans pisans. Les Lungarni, quais fluviaux animés le soir, offrent des perspectives romantiques sur les ponts historiques. A ne pas manquer non plus le Musée national de San Matteo qui conserve des œuvres majeures de la peinture toscane, dont des polyptyques de Simone Martini.
Lucques incarne une ville toscane préservée où l’histoire se lit à travers ses remparts Renaissance transformés en promenade arborée. La cité se distingue par son urbanisme médiéval intact, organisé autour de l’amphithéâtre romain dont la forme ovale persiste dans la Piazza dell’Anfiteatro. Ses églises romanes comme San Michele in Foro et la cathédrale San Martino conservent des façades sculptées qui rivalisent de complexité, abritant des œuvres majeures comme le tombeau d’Ilaria del Carretto par Jacopo della Quercia. La particularité de Lucques réside dans ses murailles du XVIe-XVIIe siècle, rare exemple de fortifications devenues parc public. Ceinturant entièrement le centre historique, elles offrent une perspective unique sur les tours et clochers, notamment la tour Guinigi et son chêne vert culminant à 44 mètres. La ville compte près de cent églises, dont San Frediano avec sa mosaïque byzantine dorée. La tradition musicale y reste vivace, nourrie par la naissance de Puccini dont la maison natale se visite. Les rues commerçantes comme la via Fillungo mêlent artisans d’art et boutiques de spécialités locales, dont l’huile d’olive des collines environnantes et le buccellato, pain sucré aux raisins.
Le parc national des Cinque Terre représente un paysage culturel unique où l’interaction millénaire entre l’homme et la nature a sculpté un territoire exceptionnel. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997, il combine falaises abruptes, vignobles en terrasses et villages colorés accrochés à la côte ligurienne. L’intérêt réside d’abord dans son système agricole : plus de 7 000 km de murs en pierre sèche soutiennent des terrasses cultivées depuis le XIIe siècle, produisant le vin Sciacchetrà et des citrons. Ces ouvrages représentent un chef-d’œuvre d’ingénierie paysanne adaptée à un relief accidenté. Les cinq villages – Monterosso, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore – préservent une architecture médiévale intacte avec leurs maisons-tours étroites et ruelles escarpées. Leurs ports colorés et criques cachées incarnent une tradition maritime préservée. Le réseau de sentiers pédestres relie les villages à travers des paysages spectaculaires. Le sentier bleu (n°2) reste le plus célèbre, tandis que les chemins hauts comme celui de Monte Rosso offrent des panoramas vertigineux sur la Méditerranée.
Parme incarne une quintessence de la culture italienne où l’art, la gastronomie et la musique se mêlent avec un raffinement rare. La ville révèle d’abord son patrimoine musical à travers le théâtre Regio, temple de l’opéra verdién où la acoustique fut perfectionnée pour les compositions du maître natif de la région. Non loin, la maison natale de Verdi à Roncole et le teatro Farnese reconstitué après-guerre témoignent de cette tradition lyrique. L’héritage des ducs de Parme se lit dans le palazzo della Pilotta, complexe monumental abritant la galerie nationale avec des œuvres du Corrège et du Parmesan, ainsi que le théâtre Farnèse en bois de sapin. Le duomo romanique conserve la coupole peinte par le Corrège, dont la fresque de l’Assomption révolutionna la perspective en plongée. La gastronomie locale forme un triangle d’or : le parmesan affiné pendant 36 mois dans les caves humides, le jambon de Parme séché sur les collines ventilées, et le vin lambrusco aux bulles pourpres.
Modène incarne un triangle d’excellence où la créativité automobile, la tradition culinaire et l’art roman s’entrelacent dans une ville à échelle humaine. Son duomo du XIe siècle, classé à l’UNESCO avec la ghirladina (tour civique) et la piazza Grande, représente un chef-d’œuvre de l’architecture romane lombarde avec les bas-reliefs de Wiligelmo et les sculptures de Maître des Métiers. La ville vibre au rythme de ses deux passions : la gastronomie avec l’Aceto Balsamico Tradizionale di Modena vieilli minimum 12 ans dans les attics (acetaies visitables comme la Consorteria 1966), et les moteurs rugissants de l’usine Ferrari à Maranello (15 minutes au sud) où le musée Enzo Ferrari expose des prototypes mythiques. Le palais des musées réunit à la fois la galerie Estense (œuvres de Velázquez et Cosmè Tura), les trésors de la bibliothèque Estense avec la Carte de Cantino, et le musée de la Figurine historique. L’ensemble témoigne du duché des Este qui fit de Modène une capitale des arts après son transfert de Ferrare.
Mantoue (Mantova en italien) incarne l’idéal de la cité Renaissance, préservée dans un écrin de lacs formés par le Mincio. Son isolement relatif lui a permis de conserver intact l’héritage des Gonzague, famille qui régna sur la ville du XIVe au XVIIIe siècle et en fit un foyer artistique majeur. Le palais Ducal déploie 500 salles sur 34 000 m², véritable ville dans la ville où se distinguent la chambre des Époux d’Andrea Mantegna aux perspectives révolutionnaires, et l’appartement des Nains aux plafonds dorés. Le palais Te, villa suburbaine de Jules Romain, stupéfie par la salle des Géants où peintures et stucs créent une illusion totale. La ville triple – entourée d’eau comme une île – révèle une harmonie urbaine rare : places médiévales (piazza delle Erbe), basilique Saint-André d’Alberti, et théâtres Renaissance. Les lacs supérieur, moyen et inférieur forment une ceinture naturelle parcourue par des promenades cyclables. Mantoue partage avec la voisine Sabbioneta l’idéal de cité parfaite.
Le château de Fontanellato mérite la visite pour son exceptionnelle salle de Diane et Actéon, chef-d’œuvre absolu du Parmesan réalisé en 1523-1524. Cette fresque maniériste couvre l’intégralité d’une pièce carrée, créant une illusion architecturale où les dieux olympiens semblent s’évader du cadre peint. Le traitement des corps et la complexité des perspectives en font un jalon capital entre Raphaël et le Baroque. Le château révèle aussi un exemple rare de résidence aristocratique toujours habitée par la famille Sanvitale, offrant une authenticité qui manque aux monuments muséifiés. L’ameublement couvre cinq siècles d’histoire, des cassoni Renaissance aux salons napoléoniens, tandis les fossés en eau vive rappellent la fonction défensive originelle. La camera ottica du XIXe siècle constitue une curiosité technologique : ce système de miroirs et de lentilles permettait d’observer la vie de la place depuis les appartements privés, mélange rare d’intimité et de contrôle social.
Piacenza mérite la visite pour son rôle de carrefour historique entre la Lombardie, l’Émilie-Romagne et le Piémont, ayant conservé un patrimoine médiéval et Renaissance d’une authenticité rare. La ville fut la première à se rallier à l’unification italienne en 1848, lui valant le surnom de “Primogenita” (la Première-Née), et cet esprit indépendant se ressent dans son architecture civile. Le palais communal (1281), surnommé “Il Gotico”, représente l’un des plus beaux exemples d’architecture civile médiévale d’Italie du Nord avec sa façade en marbre rose et blanc. Face à lui, les églises jumelles de San Francesco et San Sisto encadrent la piazza Cavalli, du nom des statues équestres des Farnèse réalisées par Mochi, précurseur du baroque. La cathédrale romane (1122-1233) révèle un intérieur surprenant où les fresques de Guercino et Carracci côtoient des sculptures lombardes. Le palais Farnèse abrite un musée des carrosses unique en Italie et les célèbres “Éphèbes de Piacenza”, bronzes étrusques découverts dans le lit du Pô.
La chartreuse de Pavie (Certosa di Pavia) représente un chef-d’œuvre unique de la Renaissance lombarde, où le style gothique international rencontre pour la première fois l’esthétique humaniste. Fondée en 1396 par Gian Galeazzo Visconti comme mausolée dynastique, elle incarne la transition entre le duché de Milan et la domination française. Son architecture synthétise les influences : la façade en marbre de Candoglia, sculptée comme une dentelle minérale, contraste avec la structure gothique du monastère. À l’intérieur, le chœur des moines révèle des stalles en marqueterie de bois précieux illustrant des scènes bibliques, tandis que le petit cloître de Bramante (attribué) introduit des proportions mathématiques révolutionnaires. La chartreuse fonctionne toujours comme monastère, créant une tension entre vie contemplative et patrimoine muséal. Les cellules des chartreux conservent leur organisation originelle avec jardinet et atelier. Le réfectoire abrite une Cène de Luini qui rivalise avec celle de Léonard de Vinci.
Faire le tour du lac de Côme revient à parcourir un paysage culturel où la nature dramatique des Préalpes épouse l’élégance architecturale des villas aristocratiques. Le lac, en forme de Y inversé, déploie 170 km de rives qui concentrent deux mille ans d’histoire, des villas romaines aux résidences de la Renaissance, puis aux hôtels particuliers de l’ère industrielle. La navigation permet d’apprécier la gradation des paysages : les rives sud-ouest autour de Côme révèlent une vocation artisanale et historique avec la ville murée, tandis que la branche de Bellagio forme un triangle d’or où se concentrent les jardins botaniques. La branche nord vers Colico dévoile des falaises sauvages où les Alpes plongent directement dans les eaux. Les villages lacustres incarnent des identités distinctes : Côme avec sa cathédrale gothique et son musée de la Soie, Bellagio et ses escaliers escarpés entre oliviers et lauriers, Varenna et ses villas aux jardins en terrasses. La navigation entre ces ports devient une expérience de perspective mouvante, où le cadre naturel se recompose à chaque virage.
Faire le tour du lac Majeur revient à traverser une succession de paysages et de cultures où les Alpes plongent dans les eaux profondes d’un lac à la fois italien et suisse. Ce périple de 65 kilomètres de long révèle des contrastes saisissants entre les rives orientales sauvages, dominées par les parcs naturels, et les rives occidentales transformées en jardins subtropicaux par un microclimat unique. La navigation permet de découvrir les îles Borromées, archipel baroque où l’Isola Bella déploie ses jardins en terrasses peuplés de paons blancs, et l’Isola Madre son jardin botanique aux essences rares. Le palais Borromée incarne le faste des familles princières qui, depuis la Renaissance, ont façonné ces paysages. Les villages lacustres expriment des identités distinctes : Stresa et ses palaces Belle Époque, Cannobio et son centre historique médiéval, Locarno et sa piazza Grande suisse où l’influence alpine rencontre la dolce vita. Chaque escale dévoile une nouvelle facette de la vie lacustre, entre traditions de pêche et tourisme international.
Le Santuario di Oropa, niché à 1 200 mètres d’altitude dans les Alpes biellaises, représente le plus important complexe marial des Alpes, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Fondé selon la tradition au IVe siècle par saint Eusèbe, il abrite la statue noire de la Vierge d’Oropa, sculpture romane du XIIIe siècle vénérée comme protectrice du Piémont. Le sanctuaire se distingue par son architecture évolutive qui couvre six siècles : la basilique antique (1600-1620), le grand cloître de l’architecte Guarini (XVIIe siècle), et la basilique supérieure néoclassique (1885-1960) dominée par son dôme de 80 mètres. Cet ensemble monumental s’intègre dans un paysage sacré où douze chapelles votives du Sacro Monte ponctuent l’ascension vers le sanctuaire. La bibliothèque conserve 20 000 volumes rares dont des incunables, tandis que le musée des Trésors expose des ex-voto Renaissance et des objets liturgiques offerts par la maison de Savoie.