Rome
La ville éternelle
Table des matières
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La basilique Santa Maria Maggiore à Rome mêle les époques paléochrétienne, médiévale et baroque sur le site d’un miracle survenu en 352. Selon la tradition, la Vierge serait apparue au pape Libère pour indiquer l’emplacement de l’église par une chute de neige en plein mois d’août – un événement encore commémoré chaque année par un lâcher de pétales blancs. Sa structure conserve le plan basilical paléochrétien du Ve siècle, avec une nef bordée de colonnes monolithiques en marbre blanc, tandis que le plafond Renaissance est doré à l’or inaugural des Amériques, offert par les Rois Catholiques. Les mosaïques du Ve siècle dans la nef centrale comptent parmi les plus anciennes de Rome, dépeignant des scènes de l’Ancien Testament avec un naturalisme antique. La chapelle Sixtine, œuvre de Domenico Fontana (1585), abrite la Crypte de la Crèche qui contiendrait des fragments du Saint-Berceau, et la chapelle Pauline rivalise de splendeur avec ses marbres polychromes.
Le Forum Romain et ses temples constituent un livre ouvert sur la civilisation romaine, où chaque pierre raconte l’évolution d’une république vers un empire. Ce site archéologique unique permet de marcher sur les dalles originelles de la Via Sacra, là où Cicéron prononça ses discours et où les triomphes défilèrent. La visite révèle la superposition des époques : les fondations des temples républicains du Ve siècle av. J.-C. côtoient les basiliques impériales, illustrant comment le pouvoir se matérialisa à travers l’architecture. Le temple de Saturne abrita le premier trésor public, le temple de Vesta accueillit le feu perpétuel de la cité, et la Curie conserva les débats du Sénat durant des siècles. L’arc de Septime Sévère commémore les victoires parthiques, tandis les colonnes du temple des Dioscures rappellent la bataille du lac Régille. Chaque monument incarne une fonction précise dans la machine étatique romaine.
La colline du Palatin représente le berceau archéologique de Rome, où la légende de Romulus et Remus rencontre l’histoire tangible des résidences impériales. Cette élévation dominant le Forum Romain incarne la transition de la Rome républicaine à la Rome impériale, offrant une perspective unique sur l’évolution du pouvoir. Selon la tradition, c’est ici que Romulus traça le sillon fondateur de Rome en 753 av. J.-C. Les archéologues y ont découvert des huttes de l’âge du fer correspondant aux premières habitations, confirmant la permanence d’occupation depuis les origines de la ville. Auguste y établit sa résidence, initiant une tradition qui fit du Palatin le quartier aristocratique par excellence. La visite révèle la démesure des palais impériaux : la Domus Augustana avec son stade privé de 160 mètres, le palais de Domitien et sa fontaine monumentale, les Jardins Farnèse premiers jardins botaniques d’Europe à la Renaissance.
Visiter le Colisée, c’est pénétrer dans l’épicentre de la culture spectaculaire romaine où s’est jouée pendant près de cinq siècles la relation complexe entre le pouvoir impérial et le peuple. Cet amphithéâtre flavien, achevé en 80 après J.-C., incarne une révolution architecturale par son système de voûtes et ses capacités logistiques permettant à 50 000 spectateurs d’assister à des combats de gladiateurs ou des chasses aux animaux exotiques. Sa structure révèle le génie organisationnel romain : les vomitoires permettant une évacuation rapide, le velarium protégeant du soleil, et les souterrains (hypogée) où s’activaient esclaves et machinistes. Les graffiti anciens gravés sur les murs par des spectateurs racontent une histoire vivante des passions antiques. Le Colisée reste un lieu où se confrontent mémoire violente et esthétique du pouvoir, entre les ombres des martyrs chrétiens et la gloire des gladiateurs.
Visiter les forums impériaux de César, Auguste et Trajan, c’est explorer le cœur politique et symbolique de la Rome antique, où chaque pierre raconte une stratégie de pouvoir. Ces ensembles monumentaux, construits entre 46 av. J.-C. et 113 ap. J.-C., incarnent l’évolution de la République vers l’Empire, chaque forum reflétant la personnalité et les ambitions de son commanditaire. Le forum de César (46 av. J.-C.), premier forum impérial, introduisit l’innovation d’une place dédiée au culte de la dynastie, avec son temple de Vénus Genitrice affirmant l’ascendance divine de la famille julienne. Celui d’Auguste (2 av. J.-C.) magnifia la victoire de Philippes à travers son temple de Mars Ultor, où les légions romaines prêtaient serment avant les campagnes militaires. Le forum de Trajan, achevé en 113 ap. J.-C., représenta l’apogée technique avec sa basilique Ulpienne, ses bibliothèques grecque et latine, et la colonne Trajane avec ses 200 mètres de frises sculptées.
La Piazza Venezia et la place du Capitole constituent un double pôle historique où se lit la continuité du pouvoir à Rome, de l’Antiquité à l’ère moderne. La Piazza Venezia est dominée par le monument Victor-Emmanuel II, autel de la patrie érigé entre 1885 et 1925 pour célébrer l’unification italienne. Son escalier monumental et sa terrasse offrent une vue panoramique unique sur les forums impériaux, tandis que la tombe du soldat inconnu abrite la flamme éternelle. Quelques mètres plus haut, la place du Capitole, redessinée par Michel-Ange en 1538, incarne la renaissance de l’autorité civique. Sa disposition trapézoïdale et son pavement étoilé créent une perspective savante qui relie les trois palais abritant les Musées Capitolins. Ces derniers conservent des chefs-d’œuvre comme la Louve capitoline, le Galate mourant et les fragments de la statue colossale de Constantin. La visite de ces deux places voisines révèle comment Rome a réutilisé son patrimoine.
Visiter la place Saint-Pierre, la basilique et sa coupole revient à explorer le cœur spirituel et architectural de la chrétienté, où le génie de la Renaissance et la foi catholique se matérialisent dans une symphonie de pierres. La place elliptique, conçue par Le Bernin entre 1656 et 1667, forme un immense bras symbolique enserrant les fidèles avec ses 284 colonnes toscanes et 140 statues de saints, créant une théâtralité baroque unique au monde. La basilique Saint-Pierre incarne la continuité historique : érigée sur la tombe de l’apôtre Pierre, elle superpose les époques depuis la basilique constantinienne du IVe siècle jusqu’au dôme de Michel-Ange. Son intérieur abrite des chefs-d’œuvre absolus comme la Pietà de Michel-Ange, le baldaquin du Bernin coulé dans le bronze du Panthéon, et la chaire de saint Pierre soutenue par les docteurs de l’Église. La montée à la coupole (136,5 mètres) révèle une prouesse technique : la double calotte de Michel-Anche permit de construire cette structure encore aujourd’hui la plus haute du centre-ville de Rome.
Visiter les musées du Vatican revient à parcourir cinq siècles de mécénat pontifical à travers l’une des plus vastes collections d’art occidental, où chaque salle raconte à la fois l’évolution esthétique et les enjeux théologiques du catholicisme. Fondés par le pape Jules II au début du XVIe siècle autour de la seule sculpture du Laocoon exhumée en 1506, ces musées ont accumulé 7 kilomètres de galeries abritant des chefs-d’œuvre qui dialoguent entre les époques. La visite offre un parcours chronologique unique, des antiquités égyptiennes du Musée Grégorien aux avant-gardes du XXe siècle dans la Collection d’Art Religieux Moderne, en passant par les chefs-d’œuvre de la Renaissance dans les Stanze de Raphaël. La chapelle Sixtine, terminus obligé, synthétise à elle seule le passage du Moyen Âge gothique à l’humanisme renaissant à travers les fresques de Michel-Ange, Perugino et Botticelli. Ces collections illustrent comment l’Église catholique a instrumentalisé l’art pour affirmer son autorité, des cartes géographiques à la Galerie des Tapisseries.
Visiter les quartiers du Borgo et du Trastevere, c’est explorer deux visages de Rome qui ont préservé leur âme populaire malgré leur proximité avec les centres du pouvoir. Le Borgo, écrin historique entre le château Saint-Ange et la basilique Saint-Pierre, dévoile un dédale de ruelles médiévales où les pèlerins se pressaient depuis des siècles. Sa via dei Corridori conserve des enseignes du XVIe siècle et ses passages voûtés racontent l’urbanisme de la Rome pontificale, tandis que le marché couvert de la via Alberico mêle artisans locaux et traditions culinaires. De l’autre côté du Tibre, Trastevere incarne la Rome éternelle des cours intérieures, du linge suspendu et des trattorias à la lumière du soir. Ses places comme Santa Maria in Trastevere avec sa basilique du IVe siècle aux mosaïques byzantines, ou la Piazza Trilussa, créent une atmosphère unique. Les ateliers de restauration de livres anciens de la via della Lungaretta côtoient les boutiques de créateurs émergents.
Se promener la nuit le long des rives du Tibre offre une expérience sensorielle unique où Rome se métamorphose. Le fleuve, encadré par des murailles antiques et des ponts illuminés, devient un fil d’Arianne liquide reliant vingt-huit siècles d’histoire. La tombée de la nuit efface la foule diurne et révèle une ville plus intime, où la lueur des réverbères se reflète dans les eaux sombres comme dans les toiles du Caravage. Les berges aménagées dévoilent des perspectives inédites sur le château Saint-Ange transformé en lanterne dorée, sur la silhouette du dôme de Saint-Pierre se découpant dans la nuit, ou sur la courbe baroque de la basilique Saint-Jean-des-Florentins. Les ponts historiques deviennent des galeries à ciel ouvert : le pont Saint-Ange avec ses anges sculptés par Le Bernin semblant prendre vie dans la pénombre, le pont Sisto et son oculus hérité de la Renaissance, ou le pont Fabricius menant à l’île Tibérine où la tradition veut que les roches aient jailli après la chute des Tarquins.
Visiter la Fontaine de Trevi et la Piazza di Spagna, c’est explorer deux chefs-d’œuvre urbains où le baroque et la Renaissance dialoguent. La Fontaine de Trevi, achevée en 1762 par Nicola Salvi, représente bien plus qu’une simple fontaine : son architecture théâtrale met en scène le dieu Océan sur un char tiré par des chevaux marins, encadré par l’allégorie de l’Abondance et la Salubrité. Ce monument incarne le triomphe de l’eau comme élément vital, marquant le terminus de l’aqueduc de l’Aqua Virgo construit en 19 av. J.-C. La Piazza di Spagna forme quant à elle un ensemble unique où l’escalier de la Trinité-des-Monts (1723-1725), œuvre de Francesco de Sanctis, crée une scénographie reliant l’église française de la Trinité-des-Monts à la place. Sa forme sinueuse, ponctuée de azalées au printemps, constitue un exemple parfait d’urbanisme qui transforme une contrainte topographique en chef-d’œuvre. La Barcaccia de Pietro Bernini au pied de l’escalier rappelle l’inondation historique de 1598.
Visiter la villa Borghèse et ses jardins, c’est pénétrer dans la plus vaste oasis verte du centre de Rome, un domaine de 80 hectares qui incarne l’idéal de la villa Renaissance revisitée par le cardinal Scipion Borghèse au XVIIe siècle. Ce parc paysager, aménagé à l’anglaise au XIXe siècle, unit nature et culture à travers un équilibre rare où chefs-d’œuvre artistiques et essences botaniques dialoguent harmonieusement. La galerie Borghèse, joyau du parc, abrite une collection exceptionnelle de sculptures du Bernin (Apollon et Daphné, Le Rapt de Proserpine) et de peintures de Caravage, le tout dans un écrin de fresques baroques. Le musée doit sa conservation à la politique de fidéicommis qui a préservé intact son agencement originel. La réservation obligatoire permet une expérience de visite apaisée, contrairement aux musées surpeuplés du centre. Les jardins révèlent une biodiversité insoupçonnée : pins parasols centenaires, chênes verts et cèdres du Liban encadrent des temples factices comme celui d’Esculape sur le lac artificiel.
Visiter la Piazza Colonna et la Piazza della Rotonda, c’est explorer deux places qui résument l’articulation entre le pouvoir politique et la spiritualité antique à Rome. La Piazza Colonna doit son nom à la colonne Aurélienne érigée en 193 ap. J.-C., dont les 29 mètres de hauteur présentent un chef-d’œuvre de bas-reliefs spiralés commémorant les victoires de Marc Aurèle sur les Germains. Cette place abrite le palais Chigi et le palais Wedekind avec son portique d’anciennes colonnes corinthiennes. À cinq minutes de marche, la Piazza della Rotonda s’organise autour du Panthéon, temple romain préservé grâce à sa consécration en église au VIIe siècle. Sa coupole de 43 mètres de diamètre, reste la plus grande voûte en béton non armé de l’Antiquité, avec son oculus central qui projette un cercle de lumière sur les tombes de Raphaël et des rois d’Italie. La fontaine renaissance de Giacomo della Porta, surmontée d’un obélisque ramené d’Égypte, anime l’espace de son murmure aquatique.
Visiter le Panthéon, c’est pénétrer le seul édifice antique de Rome resté pratiquement intact après dix-sept siècles d’utilisation continue. Son état de conservation exceptionnel tient à sa reconversion précoce en église Sainte-Marie-des-Martyrs en 609, qui le préserva des pillages. Le temple original, bâti par Agrippa en 27 av. J.-C. puis entièrement reconstruit sous Hadrien vers 125, représente l’apogée de l’ingénierie romaine avec sa coupole de 43,30 mètres de diamètre – record mondial jusqu’au XXe siècle – dont le béton de pouzzolane s’est allégé vers le sommet par l’incorporation de pierres ponces. La coupole constitue une prouesse astrophysique : son oculus de 8,7 mètres de diamètre fonctionne comme un gigantesque cadran solaire, projetant sur le pavement et les niches intérieures une tache lumineuse qui se déplace au rythme des saisons. Le 21 avril, date mythique de la fondation de Rome, le rayon midi illumine parfaitement l’entrée principale.
Visiter l’église Saint-Louis-des-Français (San Luigi dei Francesi) offre l’opportunité unique de contempler trois chefs-d’œuvre majeurs du Caravage regroupés dans une seule chapelle. La chapelle Contarelli abrite en effet le cycle complet de la vie de saint Matthieu, réalisé entre 1599 et 1602 : La Vocation de saint Matthieu, où la lumière divine traverse une scène de taverne ; Le Martyre de saint Matthieu, explosion de violence baroque ; et Saint Matthieu et l’Ange, dans sa seconde version après le rejet de la première jugée trop profane. Cette église, élevée entre 1518 et 1589 grâce à l’intervention de Catherine de Médicis, constitue le lieu de culte français à Rome depuis le XVIe siècle. Sa façade maniériste de Giacomo della Porta cache un intérieur où se mêlent les influences transalpines, avec les tombeaux de nombreux cardinaux français et le souvenir de Pauline de Beaumont dont Chateaubriand fit transférer les cendres.
Visiter la Piazza Navona, c’est explorer l’un des plus parfaits exemples d’urbanisme baroque où le stade de Domitien (86 ap. J.-C.) a été métamorphosé en place monumentale sous Innocent X au XVIIe siècle. Cette transformation unique conserve la forme exacte de l’ancienne piste athlétique antique, devenue un salon à ciel ouvert où se mêlent art, architecture et vie populaire. La place est dominée par la fontaine des Quatre-Fleuves du Bernin (1651), chef-d’œuvre de sculpture baroque où le Nil, le Gange, le Danube et le Rio de la Plata personnifient les continents connus, supportant un obélisque ramené du cirque de Maxence. Face à elle, l’église Sainte-Agnès-en-Agone de Borromini et Rainaldi dresse sa façade concave, réponse architecturale à la fontaine du Bernin dans leur célèbre rivalité artistique. La fontaine du Maure (Bernini, 1653) et la fontaine de Neptune (della Bitta, 1878) complètent cet ensemble hydraulique qui témoigne de la maîtrise romaine de l’eau.
Une balade romantique nocturne à Rome puise sa magie dans la transformation de la ville lorsque la nuit efface la foule diurne et que l’éclairage monumental révèle une atmosphère d’intimité théâtrale. Le pont Saint-Ange offre un cadre sublime où les statues du Bernin se découpent sur le château éclairé, tandis que le Tibre reflète les lumiures comme un miroir liquide. Les berges du fleuve entre le pont Umberto Ier et le pont Sisto deviennent alors une coulée de silence à deux pas de l’agitation urbaine. La colline du Janicule constitue un balcon naturel avec une vue panoramique sur Rome illuminée, où seuls le murmure des pins parasols et le carillon de San Pietro in Montorio accompagnent le regard embrassant les dômes et clochers. La place Saint-Pierre déserte après 22 heures dévoile une solennité particulière, ses colonnades dessinant des bras de pierre autour des rares promeneurs. Le quartier de l’Aventin révèle son charme secret avec la vue à travers la serrure de la villa Magistrale sur le dôme de Saint-Pierre parfaitement cadré.
Visiter la Chiesa Santa Maria degli Angeli e dei Martiri et le Palazzo Massimo revient à explorer deux facettes complémentaires de la Rome antique et renaissante, où le génie architectural dialogue avec les trésors archéologiques. La basilique Santa Maria degli Angeli, unique en son genre, fut créée par Michel-Ange en 1563 dans les vestiges des thermes de Dioclétien, les plus vastes de la Rome impériale. L’édifice conserve l’immense structure antique, transformant le tepidarium en nef principale et le frigidarium en transept. On y admire la méridienne de Bianchini (1702), ligne cadran solaire tracée sur le sol qui fonctionne encore. Le Palazzo Massimo abrite l’une des plus brillantes collections d’art antique au monde. Ses sous-sols renferment des trésors numismatiques, tandis que le rez-de-chaussée présente des sculptures emblématiques comme le Discobole Lancelotti, copie romaine du bronze grec de Myron, et l’Auguste de Prima Porta dont la cuirasse sculptée raconte la diplomatie impériale.