Séville, le palais de l'Alcazar et ses jardins
Dimanche 23 novembre. L’entrée de l’Alcazar ne paye pas de mine. Dans le prolongement des anciennes murailles maures du premier palais construit par le calife omeyyade Abderraman III, se niche la porte d’entrée rouge peinte à la chaux et surmontée par un beau lion à tête couronnée. Un véritable raccourci de l’histoire de ce palais construit, décoré et rénové par différents monarques qui pour la plupart y laissèrent leur marque architecturale.
Passée l’entrée, on pénètre dans l’Alcazar par le patio del Leon aménagé au XVe s. Deux siècles après le premier palais du calife omeyyade Abderraman III, le règne des Almohades est résumé ici par le patio de Yeso (qui fut l’une des sources d’inspiration pour la construction de l’Alhambra, à Grenade !). On y pénètre en traversant, à gauche, la minuscule salle de la Justice ornée de stucs mudéjars et d’un plafond en bois sculpté. Un minuscule bassin s’ouvre au milieu du patio. Magnifique.
Enfin, on accède au patio de la Monteria, une vaste place de style mudéjar, mélange d’art chrétien et musulman, avec ses piliers octogonaux, ses arches, ses corniches et ses colonnettes de marbre. Une immense façade de style mudéjar orne l’entrée du palais. Un véritable régal pour les yeux… Photo obligatoire ! Heureusement, une jeune Australienne et sa fille passent par là.
Passée l’entrée du palais de Don Pedro, on passe par la petite salle du Cuarto del Almirante qui abrite, entre autres, un étonnant tableau sur l’inauguration de l’exposition universelle de 1929.
Dans la foulée, on pénètre dans la salle des audiences. Beau plafond à caissons dorés. Mais le plus intéressant est encore la Vierge des navigateurs qui protège sous son manteau Christophe Colomb, Ferdinand II, Charles Quint et Amerigo Vespucci. C’est tout simplement le premier tableau traitant de la conquête du Nouveau monde. Superbe.
Passage obligé du palais de Don Pedro : le vestibule. C’est ici qu’on ôtait les armes des visiteurs ! De superbes arches de style mudéjar soutiennent les plafonds.
Enfin, on accède au patio de las Doncellas, le clou de la visite, la plus belle pièce du palais de l’Alcazar, décorée d’azulejos et de panneaux de stucs finement sculptés dans la plus pure tradition de l’Afrique du Nord. Un vrai régal pour les yeux. Des versets du Coran s’intègrent à la décoration.
C’est ici que les grandes réceptions avaient lieu, du temps des Musulmans comme des Chrétiens. Princes, califes, sultans et roi ont marché de longues heures autour du bassin central. Les styles mudéjars et plateresques s’entremêlent avec audace et harmonie. Tout simplement inouï.
Après ce patio magnifique, direction le Salon des ambassadeurs, le cœur politique du palais de l’Alcazar. Arabesques et stucs polychromes, linteaux ciselés… et surtout une extraordinaire coupole décorée de stalactites de bois précieux.
De minuscules miroirs d’aciers incrustés dans le plafond réfléchissent la lumière du jour et éclairent la salle. Ingénieux. Les azulejos sont également de toute beauté. Les autres salles qui cernent le patio de las Doncellas sont toutes plus belles les unes que les autres. Quelle claque !
En se dirigeant vers les jardins, on accède forcément au patio des Muñecas qui doit son nom aux minuscules poupées (il faut les voir !) qui ornent l’intersection des arches. Là encore, de magnifiques stucs de style mudéjar décorent cette cour créée pour Pierre le Cruel.
Visite de folie, j’enchaîne avec d’autres pièces que ne mentionne même pas moins guide ! Panneaux de stucs de style mudéjar, volées d’arches ciselées, plafond à caissons de bois précieux et azulejos se succèdent.
Dans la foulée, j’accède enfin à la fameuse salle des tapisseries. Une tuerie. L’envers du décor des tapisseries médiévales européennes. Ici, on célèbre les victoires du calife ! La conquête du Maghreb et de l’Espagne en huit tableaux. L’une d’elles illustre la bataille de Tunis. Génial !
On peut aussi voir la carte du sud de l’Europe et du Maghreb… Tiens, tiens ! Le nord et le sud sont inversés. Mais pour bien se rendre compte de la beauté des toiles, il faut s’approcher et regarder de près, observer l’expression des visages, les corps et les scènes de guerre.
Dernière salle avant de passer aux jardins, la salle des fêtes n’en est pas la moins belle… Bien au contraire ! C’est un festival d’azulejos fabriqués au Portugal. Les visages sont de toute beauté. Les expressions sont incroyables. J’adore !
Passons aux jardins maintenant. Les jardins de l’Alcazar sont un modèle du genre, le génie de l’alliance de l’eau avec la végétation. Les Arabes en raffolaient, et ça se voit. Même les allées recouvertes de briques plates sont percées pour laisser échapper quelques filets d’eau. Au premier regard, on est frappé par cette magnifique forêt de palmiers qui se dressent devant nous. À gauche, au pied de l’ancienne muraille maure, s’étend le bassin de Mercure. Le paradis des selfies !
L’enchantement se poursuit en se baladant au milieu des jardins. C’est en s’approchant au plus près des massifs qu’on se rend compte qu’on est bien loin de l’anarchie visuelle. Tout est étudié pour faire de la vue des jardins une vision inoubliable : massifs taillés au carré, labyrinthes, palmiers ombrageux, haies d’orangers, rangées de cyprès, bassins, orchidées… On en prend plein les yeux !
Puis on poursuit la visite par les jardins intérieurs, placés au milieu des murailles. Là encore, la succession de bassins est impressionnante. C’est ici que se niche le pavillon de Charles Quint avec son style mauresque. Plus loin se dresse un imposant labyrinthe. La succession de palmiers, de haies, de massifs d’arbustes et d’orangers créée une grande sensation de bien-être.
Mais pour mieux se rendre compte de la grande beauté du lieu, il faut encore grimper aux murailles depuis lesquelles on a une vue imprenable sur tous les jardins. D’ici, on comprend mieux l’agencement des jardins et la succession des massifs est d’une beauté inégalable. L’harmonie.
La visite de l’Alcazar s’achève. Déjà 15 heures… Wouah ! Pas eu le temps de voir le temps passer ! En sortant du palais, on a une vue imprenable de la tour de la Giralda depuis le patio de las Banderas. Mais on peut voir aussi les grandes murailles du premier palais qui se couvrent d’une belle couleur blonde. Magnifique !