Pourquoi visiter le palais de l’Alcazar de Séville ?
Visiter le palais de l’Alcazar de Séville (Reales Alcázares) et ses jardins est essentiel. Il est l’un des monuments les plus visités d’Espagne et un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Un palais royal encore habité
L’Alcazar est le plus ancien palais royal encore en usage en Europe – le roi d’Espagne y réside lors de ses visites à Séville. Sa construction a commencé au Moyen Âge, sur les vestiges d’un palais musulman, et s’est poursuivie pendant des siècles. Il en résulte une superposition fascinante de styles : art mudéjar (influence islamique sous domination chrétienne), gothique, Renaissance et baroque. Chaque salle, chaque cour raconte une époque, des souverains almohades à Pierre Ier le Cruel, des Rois Catholiques aux grands explorateurs des Amériques qui planifièrent ici leurs voyages.
Un chef-d’œuvre de l’art mudéjar
Le cœur du palais est le Palais de Pierre Ier (Palacio de Don Pedro), un joyau de l’art mudéjar du XIVe siècle. Ses patios (comme le Patio de las Doncellas), ses salles aux murs recouverts d’azulejos et de stucs finement sculptés, ses plafonds de bois doré (artesonados) créent une atmosphère d’une richesse extraordinaire. Les inscriptions en arabe, les motifs géométriques et les jardins intérieurs évoquent délibérément l’héritage des palais de l’Alhambra, faisant de l’Alcazar un prolongement de l’âge d’or andalou.
Des jardins légendaires
Les jardins de l’Alcazar sont un monde à part, une oasis de verdure et de fraîcheur au cœur de la ville. Ils s’étendent sur plus de 7 hectares et sont en réalité une succession de jardins cloîtrés de styles différents : jardins islamiques, Renaissance, romantiques. On y trouve des fontaines murmurantes, des bassins réfléchissants, des allées d’orangers et des palmiers majestueux. Le Jardin des Poètes, le labyrinthe de buis ou le Pavillon de Charles Quint sont des lieux de paix.
Un lieu de tournage célèbre
Les fans de la série Game of Thrones reconnaîtront l’Alcazar, qui a servi de décor au palais de Dorne. Au-delà de cette notoriété populaire, les jardins constituent un jardin botanique historique avec des espèces rares rapportées du monde entier depuis des siècles, comme d’immenses magnolias ou des plantes aromatiques. La Galería de los Grutescos, une galerie-promenade creusée dans l’ancienne muraille, offre une vue sublime sur l’ensemble des jardins.
Comment le palais de l’Alcazar de Séville ?
Billets, horaires et accès :
L’achat impératif des billets en ligne à l’avance sur le site officiel est la règle d’or pour éviter des files d’attente de plusieurs heures, surtout d’avril à octobre. Le tarif de base est d’environ 14,50 € pour l’ensemble palais et jardins. Des réductions existent pour étudiants, seniors et familles. Les horaires varient selon la saison, généralement de 9h30 à 17 heures en hiver et jusqu’à 19 ou 20 heures en été. L’entrée se fait par la Puerta del León, sur la place du Triunfo.
Parcours de visite :
Une visite complète demande au moins trois heures. Le circuit, partiellement fléché, traverse plusieurs palais imbriqués. Commencez par le Palais Mudéjar (Palacio de Don Pedro) pour admirer ses patios et salles ornées, puis découvrez le Palais Gothique et les appartements royaux. Ensuite, dirigez-vous vers les Jardins, un dédale de verdure organisé en espaces distincts. Ne manquez pas la Galería de los Grutescos (galerie surélevée offrant une vue panoramique) et le Jardín de la Danza.
Points d’intérêt majeurs :
Dans le palais, le Patio de las Doncellas et ses arcades finement sculptées résument le raffinement mudéjar. Les Salones de Carlos V abritent de remarquables tapisseries. Sous le palais, les Bains de Doña María de Padilla offrent une atmosphère singulière. Dans les jardins, le Pabellón de Carlos V, le bassin de Mercurio et le Labyrinthe de buis constituent des haltes reposantes. Cherchez les détails : les azulejos historiés, les inscriptions arabes, et les jeux d’eau discrets.
Conseils pratiques :
Pour profiter pleinement des lieux, arrivez dès l’ouverture le matin lorsque la lumière est belle et la foule encore clairsemée. La photographie est autorisée, mais l’usage du trépied est réglementé. Prévoyez une bouteille d’eau, surtout en été, car il fait chaud dans les jardins. L’audioguide est recommandé pour comprendre l’histoire complexe des lieux.
Visites complémentaires :
Juste à côté se trouvent la Cathédrale et la Giralda, ainsi que les Archives générales des Indes. Une journée peut être consacrée à ce triptyque classé au patrimoine mondial. Si vous disposez de temps, revenez en fin de journée : l’ambiance dans les jardins à la tombée du soleil est magique.
Séville, le palais de l'Alcazar et ses jardins
Dimanche 23 novembre. L’entrée de l’Alcazar ne paye pas de mine. Dans le prolongement des anciennes murailles maures du premier palais construit par le calife omeyyade Abderraman III, se niche la porte d’entrée rouge peinte à la chaux et surmontée par un beau lion à tête couronnée. Un véritable raccourci de l’histoire de ce palais construit, décoré et rénové par différents monarques qui pour la plupart y laissèrent leur marque architecturale.
Passée l’entrée, on pénètre dans l’Alcazar par le patio del Leon aménagé au XVe s. Deux siècles après le premier palais du calife omeyyade Abderraman III, le règne des Almohades est résumé ici par le patio de Yeso (qui fut l’une des sources d’inspiration pour la construction de l’Alhambra, à Grenade !). On y pénètre en traversant, à gauche, la minuscule salle de la Justice ornée de stucs mudéjars et d’un plafond en bois sculpté. Un minuscule bassin s’ouvre au milieu du patio. Magnifique.
Enfin, on accède au patio de la Monteria, une vaste place de style mudéjar, mélange d’art chrétien et musulman, avec ses piliers octogonaux, ses arches, ses corniches et ses colonnettes de marbre. Une immense façade de style mudéjar orne l’entrée du palais. Un véritable régal pour les yeux… Photo obligatoire ! Heureusement, une jeune Australienne et sa fille passent par là.
Passée l’entrée du palais de Don Pedro, on passe par la petite salle du Cuarto del Almirante qui abrite, entre autres, un étonnant tableau sur l’inauguration de l’exposition universelle de 1929.
Dans la foulée, on pénètre dans la salle des audiences. Beau plafond à caissons dorés. Mais le plus intéressant est encore la Vierge des navigateurs qui protège sous son manteau Christophe Colomb, Ferdinand II, Charles Quint et Amerigo Vespucci. C’est tout simplement le premier tableau traitant de la conquête du Nouveau monde. Superbe.
Passage obligé du palais de Don Pedro : le vestibule. C’est ici qu’on ôtait les armes des visiteurs ! De superbes arches de style mudéjar soutiennent les plafonds.
Enfin, on accède au patio de las Doncellas, le clou de la visite, la plus belle pièce du palais de l’Alcazar, décorée d’azulejos et de panneaux de stucs finement sculptés dans la plus pure tradition de l’Afrique du Nord. Un vrai régal pour les yeux. Des versets du Coran s’intègrent à la décoration.
C’est ici que les grandes réceptions avaient lieu, du temps des Musulmans comme des Chrétiens. Princes, califes, sultans et roi ont marché de longues heures autour du bassin central. Les styles mudéjars et plateresques s’entremêlent avec audace et harmonie. Tout simplement inouï.
Après ce patio magnifique, direction le Salon des ambassadeurs, le cœur politique du palais de l’Alcazar. Arabesques et stucs polychromes, linteaux ciselés… et surtout une extraordinaire coupole décorée de stalactites de bois précieux.
De minuscules miroirs d’aciers incrustés dans le plafond réfléchissent la lumière du jour et éclairent la salle. Ingénieux. Les azulejos sont également de toute beauté. Les autres salles qui cernent le patio de las Doncellas sont toutes plus belles les unes que les autres. Quelle claque !
En se dirigeant vers les jardins, on accède forcément au patio des Muñecas qui doit son nom aux minuscules poupées (il faut les voir !) qui ornent l’intersection des arches. Là encore, de magnifiques stucs de style mudéjar décorent cette cour créée pour Pierre le Cruel.
Visite de folie, j’enchaîne avec d’autres pièces que ne mentionne même pas moins guide ! Panneaux de stucs de style mudéjar, volées d’arches ciselées, plafond à caissons de bois précieux et azulejos se succèdent.
Dans la foulée, j’accède enfin à la fameuse salle des tapisseries. Une tuerie. L’envers du décor des tapisseries médiévales européennes. Ici, on célèbre les victoires du calife ! La conquête du Maghreb et de l’Espagne en huit tableaux. L’une d’elles illustre la bataille de Tunis. Génial !
On peut aussi voir la carte du sud de l’Europe et du Maghreb… Tiens, tiens ! Le nord et le sud sont inversés. Mais pour bien se rendre compte de la beauté des toiles, il faut s’approcher et regarder de près, observer l’expression des visages, les corps et les scènes de guerre.
Dernière salle avant de passer aux jardins, la salle des fêtes n’en est pas la moins belle… Bien au contraire ! C’est un festival d’azulejos fabriqués au Portugal. Les visages sont de toute beauté. Les expressions sont incroyables. J’adore !
Passons aux jardins maintenant. Les jardins de l’Alcazar sont un modèle du genre, le génie de l’alliance de l’eau avec la végétation. Les Arabes en raffolaient, et ça se voit. Même les allées recouvertes de briques plates sont percées pour laisser échapper quelques filets d’eau. Au premier regard, on est frappé par cette magnifique forêt de palmiers qui se dressent devant nous. À gauche, au pied de l’ancienne muraille maure, s’étend le bassin de Mercure. Le paradis des selfies !
L’enchantement se poursuit en se baladant au milieu des jardins. C’est en s’approchant au plus près des massifs qu’on se rend compte qu’on est bien loin de l’anarchie visuelle. Tout est étudié pour faire de la vue des jardins une vision inoubliable : massifs taillés au carré, labyrinthes, palmiers ombrageux, haies d’orangers, rangées de cyprès, bassins, orchidées… On en prend plein les yeux !
Puis on poursuit la visite par les jardins intérieurs, placés au milieu des murailles. Là encore, la succession de bassins est impressionnante. C’est ici que se niche le pavillon de Charles Quint avec son style mauresque. Plus loin se dresse un imposant labyrinthe. La succession de palmiers, de haies, de massifs d’arbustes et d’orangers créée une grande sensation de bien-être.
Mais pour mieux se rendre compte de la grande beauté du lieu, il faut encore grimper aux murailles depuis lesquelles on a une vue imprenable sur tous les jardins. D’ici, on comprend mieux l’agencement des jardins et la succession des massifs est d’une beauté inégalable. L’harmonie.
La visite de l’Alcazar s’achève. Déjà 15 heures… Wouah ! Pas eu le temps de voir le temps passer ! En sortant du palais, on a une vue imprenable de la tour de la Giralda depuis le patio de las Banderas. Mais on peut voir aussi les grandes murailles du premier palais qui se couvrent d’une belle couleur blonde. Magnifique !